Cher collègue,
Les dirigeants des syndicats FSU, UNSA Éducation, FERC-CGT, SGEN-CFDT et FAEN ont souhaité nous mobiliser aujourd’hui contre les suppressions de postes et pour des revalorisations de traitement.
Je leur suis personnellement très reconnaissant de se préoccuper ainsi de notre situation économique et matérielle.
Cependant, comme beaucoup de mes collègues, je suis confronté au quotidien dans mon travail de professeur à des difficultés bien plus graves encore, qui compromettent l’avenir de nos élèves, et remettent en cause le sens même de notre mission, en particulier :
- l’extrême hétérogénéité des classes, qui finit par nuire à tous les élèves ;
- l’absence de contrôle du niveau des élèves qui m’arrivent, dont certains n’ont absolument pas les bases nécessaires pour suivre le programme ;
- les problèmes de discipline et de violence, ainsi que les réticences fréquentes de la hiérarchie à prendre ses responsabilités ;
- la présence de certains élèves qui ne veulent pas être là, qui nous méprisent, et dont les parents n’assurent pas le strict minimum indispensable de l’éducation à la maison.
Certains collègues – j’en connais personnellement – se demandent même tous les jours si certains de leurs élèves n’ont pas DES BALLES DE REVOLVER DANS LEUR CARTABLE.
C’est donc sur ces sujets que nous aimerions que les syndicats organisent des protestations, qui pourraient mobiliser à nos côtés des millions de parents conscients de l’importance de l’éducation des enfants.
Et c’est d’après nous le seul moyen pour qu’enseigner redevienne un plaisir.
Et si vous partagez ce point de vue, je vous demande de signer la pétition ci-jointe adressée aux dirigeants des syndicats qui négocient avec les pouvoirs publics en notre nom.
Bien souvent, leurs revendications portent sur le « manque de moyens ».
Et c’est vrai : qui n’a pas envie de gagner quelques centaines d’euros de plus ? Qui ne préférerait pas avoir des classes moins nombreuses, plus d’encadrement, plus de remplaçants ?
Mais à force d’insister sur les questions financières, l’opinion publique a pu finir par croire que les professeurs étaient plus préoccupés par cela que par le bien des élèves. Un comble !!
D’autant plus que le gouvernement joue au maximum sur cette division. Il a beau jeu, alors, d’invoquer la « responsabilité financière » et les « impératifs budgétaires » pour nous renvoyer à la niche… et ne rien faire contre les absurdités du système !
Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de sortir de cette spirale et d’adopter une attitude responsable et positive vis-à-vis des problèmes – bien réels – de l’Éducation nationale.
C’est pourquoi je vous lance cet appel, et si vous le relayez à tous vos contacts, il déclenchera enfin une prise de conscience chez les dirigeants syndicaux. Puisqu’ils sont dans toutes les commissions paritaires de l’Éducation nationale, pourquoi ne pourraient-ils pas lancer dès aujourd’hui une réflexion autour des moyens de :
- restaurer le prestige et l’autorité des professeurs, notamment en leur rendant le dernier mot sur les redoublements, le pouvoir d’exclure les élèves de leurs cours sans avoir à se justifier, et un pouvoir décisif lors des exclusions définitives ?
- rétablir de vrais surveillants professionnels dans chaque établissement, pour surveiller les élèves entre les cours et s’assurer que les colles et punitions données par les professeurs soient effectuées ?
- créer, comme en Finlande, un examen d’entrée en sixième, avec des filières professionnelles et techniques d’excellence pour les enfants qui ne sont pas faits pour les matières abstraites ?
- supprimer le principe du « droit à l’éducation gratuit et sans condition », qui a créé une irresponsabilité maximale chez beaucoup de parents et d’enfants, qui ont oublié que l’école est une chance, et que les professeurs ne sont pas leurs valets ?
- supprimer l’objectif des 80 % d’une classe d’âge au bac pour arrêter de gaspiller à grande échelle le talent des élèves qui veulent faire autre chose ?
- exiger pour les professeurs la liberté de choisir l’établissement dans lequel ils souhaitent enseigner, afin qu’ils puissent travailler avec un chef d’établissement et des collègues qui partagent leur vision de l’éducation et qu’une cohérence existe dans le parcours des élèves ?
Franchement, je crois que la gravité de la situation justifie que chacun accepte – au moins – de prendre quelques secondes pour appeler nos dirigeants syndicaux au changement.
Surtout, je vous demande de transmettre ce message à tous les collègues concernés, et d’insister auprès d’eux pour qu’ils signent eux-aussi. Car je n’ose même pas imaginer à quoi ressembleront nos écoles dans cinq ou dix ans si nous continuons à laisser les manifestations s’organiser uniquement sur les mots d’ordre habituels.
Alors merci de participer (cela ne vous prendra que quelques secondes) et de motiver votre entourage à y participer aussi et porter nos vrais problèmes sur la table des négociations. Pour participer, cliquez ici.
Si vous êtes parent ou grand-parent, cette pétition vous concerne aussi : vous pouvez mobiliser les professeurs de vos enfants.
Sans cela, rien de sérieux et de porteur d’espoir pour l’éducation dans notre pays n’est possible.
Un grand merci d’avance, signez ici.
David BarbaudProfesseur d’histoire-géographie
Gisors