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En Italie, il n'y a que des vrais hommes de Sara Colaone et Luca De Santis

Par Manuel Picaud

En Italie, il n'y a que des vrais hommes de Sara Colaone et Luca De SantisL’île des homos

Dans les années 30, les persécutions envers les homosexuels sont monnaie courante. Tandis que le nazisme enferme dans des camps les homosexuels, porteurs d’un triangle rose, au même titre que les juifs, les francs-maçons, les tziganes ou les communistes, le fascisme semble refuser l’idée même de l’homosexualité en Italie. Pour Mussolini, aucune loi à l’encontre de cette population n’est nécessaire car « en Italie, il n'y a que des vrais hommes » ! Pourtant la répression y a bien eu lieu sous forme d’arrestation arbitraire et d’exil sur des îles de l’Adriatique.
En février 1987, deux journalistes Rocco Antino et Nico qui se sentent sans doute concernés personnellement par le sujet, entreprennent cinquante ans après de raconter l’histoire de ce confinement. Ils ont retrouvé un témoin capital, Antonio Angelicola, alias Ninella, couturier à Salerne. A 75 ans, ce vieil homme grincheux a accepté de raconter ces mois de galères qu’il aurait aimé ne plus se rappeler. Il a été arrêté et maltraité en août 1938, condamné pour « pédérastie passive » et confiné sur l’île de San Domino dans l’archipel des Tremiti sous l’étiquette de « prisonnier politique » jusqu’au début de la guerre. Véritable réserve, l’île regroupe tous les hommes soupçonnés d’homosexualité. La vie s’y organise avec ses joies et ses drames…

En Italie, il n'y a que des vrais hommes de Sara Colaone et Luca De Santis
Basée sur des faits réels et une interview parue dans un journal gay italien (Babilonia) à la fin des années 80, cette histoire intime écrite par Luca de Santis contribue au travail de mémoire et à la réflexion sur l’attitude de la société vis-à-vis de l’homosexualité. Non seulement, le récit fait de scènes de flash back est fort et émouvant sur les événements eux-mêmes, mais il laisse imaginer le calvaire que ces « pestiférés » ont dû supporter une fois retournés chez eux et que la République italienne n’a jamais reconnu. Il sous-entend que l’affirmation de l’identité homosexuelle n’est pas encore naturelle à la fin des années 80. L’auteur alterne les plans, l’humour, les sentiments ou la violence, la vision moderne et d’époque, offrant au lecteur un vrai regard objectif lui permettant de se forger une opinion. Sur la forme, Sara Colaone signe un élégant roman graphique de 160 pages. Son graphisme épuré mis en couleurs dans des tons ocres traduit parfaitement les émotions.
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En Italie, il n'y a que des vrais hommes – histoire complète - de Sara Colaone et Luca De Santis - Dargaud – 22 janvier 2010 - 15,50 € (en illustration la page 13)


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