
Un tambour et une épée, 1757.
Huile sur toile, Fontainebleau, Château.
La
nouvelle ne fera pas grand bruit en France, le pays où il avait pourtant choisi d’élire domicile. D’ailleurs, il suffit de regarder les trois poids lourds de la presse nationale en ce 26
novembre 2009 pour s’en convaincre ; seul Le Figaro, décidément le quotidien le plus complet et, souvent, le plus pertinent pour ce qui relève de l’actualité culturelle, se fait
l’écho de l’événement, et encore, en une dizaine de petites lignes reléguées dans la colonne des « brèves », quand la revente du catalogue des chansons de Claude François a droit à un
article complet. Il n’empêche que c’est un chercheur de tout premier plan qui est mort, dans la plus grande discrétion, le 20 novembre 2009 au domaine des Foncoussières à Rabastens dans le
Tarn.

S’il s’est aussi penché sur d’autres compositeurs – on lui doit notamment cinq remarquables ouvrages sur Mozart, partiellement traduits, contrairement à sa somme sur Haydn, en français (Fayard) – c’est au maître d’Eszterhaza que le nom de Robbins Landon reste indissolublement attaché. Qu’il s’agisse d’études musicologiques ou de supervisions d’enregistrements (les volumes de symphonies ou de messes enregistrées par Bruno Weil chez Sony, par exemple), l’homme a façonné, avec une érudition souriante, la perception que nous avons du compositeur et a largement contribué à nous le rendre plus proche en lui redonnant une véritable dimension humaine. Avec une suprême élégance, Robbins Landon s’éclipse l’année même où la France a coupablement oublié de célébrer le deux-centième anniversaire de la mort de Joseph Haydn ; il est permis d’imaginer que ce dernier aurait goûté cette ultime facétie et d’espérer qu’il a fait bon accueil à celui qui fut, ici-bas, un de ses serviteurs les plus acharnés et les plus inspirés.
Joseph HAYDN (1732-1809), Symphonie en ré majeur, Hob.I.93 :
2e mouvement, Largo cantabile.
Orchestra of the 18th Century.
Frans Brüggen, direction.
