... nous étions des centaines, une multitude sans nul doute, oui une multitude, dressés, debout, tendus au bord du vide, tout autour de ce cirque minéral. Cet endroit ressemblait un peu au cirque de Navacelles dont je mets la photo, mais en "encore plus lunaire". Un lieu étrange en vérité. Minéralité absolue sous un soleil de plomb. Nous étions une multitude dressés, debout, tendus au bord du vide et regardions en bas et ceux d'en-bas nous regardaient. Qui étaient-ils ?
L'endroit où j'étais placé était encore plus escarpé, encore plus vertigineux et je me suis trouvé à escalader des poteaux de bois enfoncés comme des pieux au bord du goufre. Encore plus haut. Encore plus haut je me disais. Il faudra donc que je monte encore plus haut.
C'est alors que nous nous sommes tous mis à tourner autour de nous-mêmes, lentement, très lentement, puis plus vite. Comme des derviches. Sensation absolue de vide, d'apesanteur, de presque décrochage. Le vide ne m'attirait pas, ne m'attirait plus. Ma peur ? Je ne sais si elle existait encore. J'avais l'impression d'avoir été absorbé par cette béance, par ce néant minéral, par cet extrême vide. Je n'étais pourtant pas hors de mon corps. J'étais bien présent en moi, je vivais mon propre espace, je vivais mon appréhension naturelle. J'étais bien "moi" au bord du vide extrême.
Puis à un signal mystérieux, invisible, inaudible, nous nous sommes tous arrêtés. Je suis redescendu de ma palissade de pieux. Il m'a fallu prendre un chemin escarpé pour aller où ? Mystère, je n'en saurais jamais rien. Ce que j'ai vu ensuite, c'est la main de mon chum Pierre. Une main réelle. La main qu'il me tendait pour franchir un passage particulièrement périlleux. Je suis passé grâce à son aide pour sortir de ma nuit. C'est drôle ce rêve, fait au cours de cette nuit passée...