Une nuit avec Camus
J’ai apprécié la sobriété de la présentation.. Tout était fait pour encourager et soutenir l’écoute dans les meilleures conditions possibles. Toutes les vingt minutes à peu près, selon le découpage du texte lui-même, la voix s’arrêtait, remplacée par un rapide rappel de l’heure, du titre du livre, du nom du lecteur, suivi d’un résumé très simple puis la lecture reprenait.
Loin de déranger, ces petits intermèdes ont contribué, je dois dire, à me maintenir éveillée. Au bout d’un moment, le livre que j’avais devant moi ne m’a plus semblé utile et j’ai laissé la voix seule me raconter l’histoire de Rieux, le narrateur, représentant les idées de Camus lui-même, dans Oran la pestiférée, ville mise en quarantaine donc coupée du monde en raison de l’épidémie de peste qui y sévit.
Publié en 1947, la peste est clairement ici le symbole du nazisme dont l’Europe vient à peine de se libérer.
Pendant ces trois heures et demie d’écoute, le fléau va s’installer, s’accroître, flamber puis décroître et disparaître dans une explosion de joie collective que ne partage d’ailleurs pas le Dr Rieux puisqu’il apprend alors la mort de sa femme partie soigner ailleurs sa tuberculose. Discret rappel qu’une épidémie chasse l’autre, que le danger rôde toujours autour de toute cité et de chacun d'entre nous, qu’il faut rester vigilant !
Ce que j’ai également beaucoup apprécié dans cette diffusion, c’est que, une fois par heure environ, à des moments opportuns, une chanson s’élevait, toujours très bien choisie. Ainsi, après le premier prêche passionné du père Paneloux, le jésuite pour qui la Peste est le fléau de Dieu, on entend « Le déserteur »de et par Boris Vian . Je ressens alors une grande émotion ! Cette chanson est si belle !
Plus tard, à 3H 45, ce sera « La mer » chantée par Trenet, chanson placée entre la grande conversation de Rieux et de Tarrou, sur la vie, la mort, le sens de la vie et la peine de mort et leur baignade nocturne et fraternelle dans le port de la ville silencieuse.
A trois reprises aussi, à chaque changement d’heure, les informations de la nuit sont données et très rapidement résumées. Il n’y a pas eu de publicité, du tout, heureusement !
Voilà un rapide compte rendu de cette redécouverte de Camus, très particulière pour moi car c’est la première fois que j’écoutais ainsi un livre plutôt que de le lire. C’est une expérience qui m’a plu et que j’espère pouvoir renouveler !
Je ne sais pas encore quel sera le prochain livre choisi pour la lecture de février ! Je me tiens au courant !