Un pot à cosmétiques égyptien

Publié le 22 janvier 2010 par Louvre-Passion

J’aime beaucoup ce petit vase du Département des antiquités égyptiennes. Par un jeu habile des couleurs, le bleu vif des hiéroglyphes met en valeur le jaune lumineux du vase. Il contenait probablement du kohol, un fard noir avec lequel les élégantes et élégants soulignaient le contour de leurs yeux. Cet ingrédient fait à base de galène extrait des montagnes proches de la mer rouge avait la propriété d’embellir le regard et de soigner les yeux.

Historiquement ce vase est important car il porte sur sa panse deux des noms du pharaon Aménophis III et celui de son épouse Tiy ce qui veut dire qu’il a peut être appartenu au couple royal.

En partant de la gauche le premier cartouche se lit « Imen hotep héka Ouaset » et se traduit par « Aménophis roi de Thèbes », le second se lit « Neb Mâat Rê » et se traduit par « Le maître de la vérité est Rê », le troisième est au nom de la reine et se lit « Tiy », il est reconnaissable au déterminatif de la reine : le hiéroglyphe représentant une dame assise tenant sur ses genoux un sceptre flexible qui se termine en forme de fleur. Je rappelle que les hiéroglyphes ne transcrivant pas les voyelles, l’actuelle transcription des noms égyptiens est une convention adoptée par les égyptologues. Ainsi, la prononciation réelle du nom d’Aménophis était sans doute « Mimmoureya », cet ainsi que le nomme le roi du Mitanni dans une correspondance diplomatique.

Aménophis III règne sur l’Egypte de 1408 à 1380 avant notre ère, ces dates étant approximatives compte tenu des lacunes de la chronologie. Ce n’est pas un roi guerrier, il préfère la chasse et l’architecture, et son règne correspond à une période de paix et de prospérité. Aménophis III a fait construire le temple de Louxor et un édifice dont ne subsistent que les « colosses de Memnon ». Plutarque racontent qu’ils « chantaient », c'est-à-dire qu’ils émettaient un son quand le soleil levant venait réchauffer la pierre dans laquelle ils avaient été taillés, phénomène qui a disparu de nos jours. Aménophis III est aussi le père d’Akhénaton, le pharaon qui tenta de remplacer le culte d’Amon par celui du dieu solaire Aton, réforme religieuse qui avait aussi pour but de réduire l’influence politique du clergé d’Amon.

Tiy épouse très jeune Aménophis III, bien qu’elle ne soit pas issue de la haute aristocratie elle prend très vite une place prépondérante comme en témoigne une statue colossale du musée du Caire où le roi et la reine sont figurés côte à côte et de la même taille. Elle entretenait une abondante correspondance diplomatique et après la mort de son époux assura le rôle de régente au début du règne d’Akhénaton. Pour en savoir plus sur Tiy je vous renvoie à l’excellent article que lui a consacré notre ami Richard Lejeune en juin 2009.