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Whip It - Be Your Own Hero

Par Ashtraygirl

J'aime bien Drew Barrymore. Je ne sais pas à quoi ça tient, mais je l'aime bien. Peut-être à cause de sa bouille d'éternelle adolescente, de sa cool-attitude et des rôles délicieusement décalés qu'elle a choisi jusqu'ici. Toujours est-il qu'elle m'est franchement sympathique. Aussi ai-je été forcément tentée - et intriguée - lorsqu'est apparut Bliss (Whip It). Et puis, n'ayant (toujours) pas vu Juno, ça me faisait une bonne occasion de découvrir Ellen Page autrement que dans X-Men. En plus, ça cause de roller: ça change du foot.
I'm a big big girl in a big big world...

Dés le départ, ça s'annonce très bien. Tout commence lors d'un de ces traditionnels concours de beauté si courus aux States. On fait connaissance avec la mère de Bliss (Marcia Gay Harden), visiblement ultra impliquée dans son rôle de coach beauté (les mères ont le don de savoir ce qui est bon pour elles à travers nous), avec la petite soeur de Bliss, promise au rang de miss Amérique si elle persiste dans cette voie, et avec une concurrente, qui ouvre le tout avec une phrase délicieuse: "Si je devais dîner avec quelqu'un, ce serait avec Dieu". Délicieusement... cliché. Immédiatement sublimé par l'arrivée de Bliss elle-même (Ellen Page, géniale), en retard, superbe dans sa jolie robe vaporeuse, avec ses cheveux... bleus. D'emblée, on sent que tout ça va être fort réjouissant. Car entre l'ado dont la rébéllion couve clairement et la mère aux rêves de jeunesse déçus qui les prolonge par procuration, la tension se fait très vite sentir et promet d'exploser au bon moment avec moult étincelles. Mettons ça de côté, bien au chaud, et laissons mijoter.
Bliss est l'archétype de l'ado lambda, aux States ou ailleurs: une nana paumée, qui rêve sans bien savoir à quoi, étriquée dans un milieu social et familial qui ne répond pas à ses attentes, risée évidente du reste de sa communauté, dotée d'une seule vraie amie (Alia Shawkat, épatante), maladroite, myope, originaire d'un bled minable et bossant comme serveuse dans un grill terriblement has been. Tout pour gagner. Tout pour que l'on s'identifie directement à elle. Mais sans apitoiement. Parce qu'elle le sait (et nous aussi): malgré son allure de paumée, Bliss est cool, Bliss est drôle, Bliss triomphera de tout pour peu qu'elle s'en donne la peine... et trouve un combat à mener. Un combat qui, pour le coup, revêt d'étranges atours: celui d'un sport aussi funky que brutal, aussi électrisant qu'intimidant.
Le roller derby.
Roule ma poule!

Il faut s'y faire: la vie nous fait parfois d'étranges cadeaux. Qui prennent parfois l'apparence d'un banal flyer pour une compétition clandestine par exemple...
Petite mise en garde néanmoins: le roller derby, quand vous y aurez goûté, vous ne pourrez plus vous en passer. Effet addictif garanti. A vos risques et périls.
Le roller derby, c'est un peu l'el dorado des nanas en mal d'emancipation. De la vitesse, de bonnes branlées entre équipes, des coups bas, des tenues sexy-grunge au possible, et des surnoms évocateurs (Iron Madone (Juliette Lewis), Baby Destroy, Trashely Simpson (Drew Barrymore), Maggie Grabuge (Kristen Wiig), Eva Destruction (Ari Graynor)...). Bref, Tout un programme. Le principe du jeu, alliant course et sport de contact, est simple: vous prenez un banal vélodrome (enfin, ce qui s'apparente à un vélodrome, en plus petit), vous y lâchez deux équipe de 5 tigresses (4 qui défendent (et qui mordent), 1 qui marquent les points), et un commentateur survolté. Le but, pour les deux "poursuiveuses" laissées en arrière du peloton: remonter toute la file et dépasser toutes les adversaires avant sa conccurente afin de marquer les points. Evidemment, les gnons sont permis (et forts appréciés). Sur le papier, ça paraît simpliste... Et ça l'est! C'est bon, terriblement jouissif, galvanisant et libérateur. Croyez-moi si je vous dis que toutes les nanas ayant été voir ce film voudront monter sur des rollers en sortant du ciné. C'est cool, et en plus, c'est bon pour la santé (points de sutures mis à part). Filmées avec brio, les poursuites sont épiques, survoltées, drôles et fédératrices. Impossible de ne pas se prendre au jeu, surtout lorsque le match est arbitré par John (Jacuzzi) Rocket (Jim Fallon, surexcité). Ajoutez à cela une sorte de hippie punky en guise d'entraîneur (Andrew Wilson), et vous aurez tout compris à mon enthousiasme débordant!
Oui mais alors, et Bliss dans tout ça?
Va, vis, et deviens.

Les super-héros s'aliènent dans leurs double-vies, Bliss, elle, y trouve son compte. Contrainte de mentir à ses parents pour intégrer et tenir sa place au sein des Scouts Gerbantes, elle entame une existence parallèle: ado le jour, Baby Destroy la nuit. Cette discipline va lui enseigner ainsi l'affirmation de soi, le goût du dépassement, de la compétition, la hargne, le courage... et lui ouvrir d'autres perspectives, jusque-là inatteignables: l'amour, les responsabilités, la vie, la vraie, avec son lot de bonnes surprises... et de désillusions. Un vrai parcours initiatique qui a choisi de garder un ton optimiste, battant, palpitant, plutôt que l'apitoiement. On échappera évidemment pas aux habituels règlements de compte en famille, prétextes à de belles envolées dramatiques mais, après tout, rien de plus réaliste que ça. En s'affirmant en-dehors du cocon familial, Bliss va finir par y trouver sa place, et à imposer ses choix, sa personnalité, tout en défiant cette mère dont elle ne cherche que l'approbation.
Drew Barrymore a fait le choix, judicieux, de confier son film à une plétore d'acteurs absents des grosses productions, voire totalement inconnus. Et ça paye. Convaincants, authentiques, la galerie de personnages qui s'agite sous nos yeux inspire l'empathie. Que ce soit l'armada de trentenaires incarnant une génération de femmes à la fois fortes et en manque de considération, qui trouvent là un éxutoire salvateur, ou les Cavendar, cette famille de beauf installée dans un patelin de bouseux, tous sont crédibles et, de fait, dignes d'admiration.
Le rythme, excellent, mêle habilement fièvre, introspection, crissements sociaux et familiaux, et bluette (superbe séquence dans la piscine, poétique à souhait) sans mièvrerie inopportune, le tout sur une B.O. enlevée et pas standardisée. Un feel-good movie qui fleure bon l'indépendance.
Be your own hero
Pour un premier film (de l'année, de Drew), cela augure de très bonnes choses!
Sur un thème maintes fois exploité (la quête d'identité au moment de l'adolescence, et l'affirmation de soi), Drew Barrymore apporte un regard sinon neuf, au moins original, juste, sans complaisance et sans esprit de grandiloquence non plus. Elle filme une poignée de femmes, superbes, côté pile: celui qui fait que, malgré une vie souvent pourrave, on continue à se lever le matin, parce qu'on sait qu'il existe, au bout de la journée, à la fin de la semaine, ou le mois prochain, ce truc qui nous exalte et nous fait nous sentir vivant. Et si c'est du roller derby, allons-y mon kiki! Moi, j'en redemande.



*Indice de satisfaction:

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*1h51 - Américain - by Drew Barrymore - 2009
*Cast: Ellen Page, Drew Barrymore, Kristen Wiig, Juliette Lewis, Jimmy Fallon, Zoey Bell, Marcia Gay Harden, Alia Shawkat, Andrew Wilson...
*Genre: Attrape-moi si tu peux
*Les + : Vive le roller derby!!!!
*Les - : ...
*Liens: Fiche film Allociné
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*Crédits photo: © Metropolitan FilmExport


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