Une tribune libre de Fabrice Decoupigny.
Vous n’êtes pas sans ignorer que la mairie de Nice a passé un contrat de Vente en Etat Futur d’Achèvement (VEFA) avec un promoteur pour aménager et restaurer la Gare des chemins de Fer de Provence. En quoi cela consiste il ? En gros, c’est simple, la mairie vend le terrain ou le bien à un promoteur qui fait les travaux et qui va ensuite revendre tout ou partie à la mairie.
Généralement ce type d’opération est courant entre un promoteur et des particuliers lors de la construction d’un immeuble. En bref, vous achetez, sur plan, un appartenant en versant un acompte allant de 2 à 5 % du prix de l’appartement.
Si cette opération est banale entre agents privés, pourquoi est elle étonnante pour le cas d’un bâtiment historique tel que la Gare des Chemins de fer de Provence ? Afin de bien être didactique, permettez moi une comparaison.
Imaginez que vous héritiez d’une maison de famille bien placée à Nice, mais en triste état qui nécessite des travaux lourds et que vous décidez d’en faire votre habitation.
Après quelques discussions avec votre conjoint, le soir après le boulot, vous faites vos comptes et vous décidez de vendre votre appartement afin de financer les travaux de restauration afin d’occuper les lieux.
Mais comme vous êtes un bras cassé et que vous ne comprenez rien à rien, vous décidez de vendre à un entrepreneur cette maison afin de la racheter lorsque les travaux seront terminés. Or la maison restaurée vaut bien plus que la somme du prix de vente et des travaux et vous n’avez pas les moyens de l’acquérir en entier. Par conséquent au lieu d’habiter toute la maison vous vous retrouvez seulement avec une partie de la maison avec en prime un ou des copropriétaires avec lesquels vous avez une forte chance de vous empailler le jour ou vous désirerez faire un barbecue un samedi soir avec des amis dans le jardin que vous devez partager. Vous vous dites qu’il ne faut pas être bien malin pour faire une telle opération, à moins que vous soyez un grand philanthropique avec votre entrepreneur.
Hé bien, c’est exactement ce que l’on fait avec la Gare des Chemins de Fer de Provence. Dans une ville qui manque cruellement de foncier et de lisibilité nationale, on aurait pu se servir de cet espace pour faire un grand projet d’aménagement urbain, d’autant plus que le quartier va être totalement réhabilité avec une opération cœur de ville.
Dans toutes les villes de Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Lyon, on a utilisé du patrimoine historique communal sans le céder pour dynamiser les centres ville. Ces villes ont mis en place des outils d’acquisitions foncières qui leur permettent de garder la maîtrise d’ouvrage de leur équipements. Mais non, à Nice nous avons décidé de faire œuvre de charité avec nos petits entrepreneurs locaux. Nous allons donc vendre un bâti classé puis en racheter une partie, le reste étant vendu au privé.
On pourrait aussi se dire que c’est pour une chose exceptionnelle qui n’existe nulle part au monde, jugez par vous-même : commerces, un multiplex ciné, des salles de gym, un poste de police municipale, un parking souterrain et un square. Nous, dans le métier, appelons cela de l’aménagement de sous-préfecture. Il ne manque que la voie cyclable entre deux couloirs de bus.
Et donc, 1) on dilapide du patrimoine public alors qu’à Nice le foncier est rare alors qu’il conditionne l’aménagement et le logement, 2) on aménage à la petite semaine, et 3) l’opération reviendra néanmoins fort cher aux contribuables. Auriez-vous fait cela s’il s’était agi de votre patrimoine?
- Une critique sans concession du classement PISA (Programme for International Student Assessment) des systèmes éducatifs de l’OCDE. Skhole.fr. Voir aussi, sur le même site, l’entretien avec David R. Olson.
- “Les obstacles au développement du numérique à l’école”. ANAE.
- Guitare numérique. Korben.
- Bousculades à Nice au départ de la manif, les policiers voulant arrêter deux manifestants affublés d’un masque ed Sarkozy et d’une pancarte “Cass’toi pauv’con”. Un élu régional PCF qui pretestait a été arrêté, une autre a été renversée. Tout le monde a ensuite été relâché rapidement. Libération.
- “Fermez les yeux, le monde vous regarde” (30 mn). Un film, (à voir) des étudiants de l’ESEC, recommandé par l’amie Nathalie..