Dévastée, ravagée, apocalyptique : Haïti agonise sous les décombres et les cadavres après le terrible séisme du 12 janvier 2010. Dans ce climat mortuaire, d’émeutes et de désolation, la reconstruction doit cependant démarrer pour donner à chacun un toit.
Mais, puisque tout est à (re)faire, pourquoi ne pas mobiliser la communauté internationale pour faire d’Haïti un exemple en termes écologique et sociale, un Eden du développement durable ?
Une état insulaire traversé depuis toujours par les drames
Après 300 ans d’exploitation de son or et de ses esclaves par les colons espagnols puis français, l’île d’Hispaniola a pris son indépendance en 1804 et devient la première république indépendante noire, sous le nom d’Haïti. S’en suivirent cependant 200 ans de despotisme, d’instabilité politique, d’accroissement de la dette, de désastres agricoles et de déforestation massive entrainant inondations et ouragans… Toutes ces tragédies ont entrainé le pays dans une spirale du malheur, le plaçant parmi les pays les plus pauvres au monde.
Et alors que depuis 2004, la stabilité semblait s’être installé, le séisme de magnitude 7,0 qui a frappé le 12 janvier sa capitale Port-au-Prince est un nouveau coup du sort dans la longue série d’épreuves infligées à la population haïtienne.
Ce séisme sans précédent dans un pays d’une telle pauvreté a désorganisé totalement le fonctionnement de l’État, détruit la plupart des voies de transport et de téléphonie ainsi que les bâtiments.
Si le bilan des tués ne pourra sûrement pas être établi suite aux nombreux disparus et enterrés en urgence dans des fosses communes, il dépasse sûrement la centaine de milliers. Les blessés, eux, sont plus de 250,000.
Une aide internationale débordée par l’urgence
Bravant la quinzaine de répliques qui s’abattent encore sur l’île (dont la dernière, hier, était de l’ordre de 6,1 sur l’échelle de Richter), l’aide internationale est d’une ampleur comparable au tsunami qui avait ravagé l’Asie du Sud-Est en 2004. Mais l’organisation s’avère extrêmement difficile dans ce climat d’angoisse et d’émeutes qui prend de l’ampleur de jour en jour.
La communauté internationale s’est émue de cet appel à l’aide et, pour faire face à l’urgence, vous pouvez vous aussi faire un don pour la fondation, l’ONG ou l’association de votre choix, dont la Fondation de France.
Un nouveau « Plan Marshall » pour reconstruire un île durable
Dominique Strauss-Kahn, président du Fonds Monétaire International, est prêt à lancer un véritable « plan Marshall » d’au moins 10 milliards de dollars répartis sur 10 à 25 ans pour reconstruire Haïti et annuler la dette de ce pays traumatisé. Une conférence internationale doit aussi avoir lieu bientôt pour organiser la reconstruction.
Mais, puisque tout est à (re)faire, pourquoi ne pas mobiliser la communauté internationale pour faire d’Haïti un exemple en termes écologique et sociale, c’est-à-dire un Eden du développement durable ?
A quoi ressemblerait un tel projet ? Pourquoi pas un subtil mélange entre le Costa Rica et la Nouvelle Zélande pourquoi pas ? Un pays alliant respect des espaces naturels et niveau de vie correct.
Au niveau environnemental, la reconstruction pourrait comporter des énergies renouvelables pour l’éclairage et le chauffage ou de la récupération d’eau de pluie. L’agriculture pourrait être diversifiée et naturelle, comme le prône l’agro-écologie notamment. La gestion et la valorisation des espaces naturels (forêts, plages, mer) pourrait donner lieu à un nouveau type de tourisme responsable et nécessaire pour rendre l’activité pérenne. Enfin, l’occasion est offerte à la communauté internationale de redessiner l’urbanisme et les transports pour favoriser les espaces verts, la proximité des commerces aux zones résidentielles et surtout développer des transports en commun efficaces et adaptés à un pays en développement.
Et au niveau social, tout aussi est à redessiner : alors que le pays était auparavant classé 149ème sur 182 au classement de l’Indice de Développement Humain. Les efforts pour redynamiser l’économie, l’éducation et la santé doivent absolument être ambitieux pour que la stabilité revienne dans ce pays dévasté et meurtri.
Et pour assurer que ce type d’événement n’ait plus les mêmes conséquences tragiques à l’avenir, les bâtiments doivent s’adapter à des normes sismiques plus élevées : réduire les bidonvilles qui subiront obligatoirement les glissements de terrain et remplacer les structures des bâtiments en béton par de l’acier.
Des difficultés organisationnelles
Derrière cette idée séduisante, se cachent cependant de nombreux problèmes techniques et éthiques. La reconstruction doit ainsi être rapide pour donner un logement décent à tous tout en relançant les infrastructures de santé et d’éducation.
Le but principal est donc de renforcer les bâtiments existants et reconstruire de nouveaux après avoir dégagé les décombres des bâtiments détruits. Ceci doit se faire seulement avec des ONG comme Architectes de l’urgence car la plupart des ingénieurs ou des architectes locaux ont été évacués.
Pour l’instant, l’heure est donc à l’urgence. Mais une deuxième reconstruction et la véritable reprise de l’activité économique de l’île viendront plus tard, avec le nouveau « Plan Marshall » du FMI. On pourrait alors rêver à une renaissance durable pour ce peuple qui a tant souffert, dont le courage est éprouvé, et qui mérite un avenir meilleur.