Le professeur François Ewald analyse, dans un article du Monde daté du dimanche 10-lundi 11 janvier 2010, la gestion de la grippe A (H1N1).
Il écrit : « Le principe de précaution oblige...à gérer un risque subjectif créé par l’imaginaire collectif ». Lagadec, qui fût l’un des pionniers de la conceptualisation des risques et des crises avait fait émergé, dans les années 70, la notion de risque technologique majeur. La science, les systèmes de prévention et de gestion technique, l’analyse des risques objectifs étaient en première ligne.
Aujourd’hui, on le voit, la maîtrise technique des risques n’est plus le débat majeur,
même s’il apparaît que le manque de connaissances dans de nombreuses situationsobère fortement les certitudes scientifiques. Le principe, et la plus grande des préoccupations, est de répondre à l’angoisse existentielle et aux peurs fondées ou non. On se préoccupe avant tout de gérer le risque acceptable. Les décisions sont fortement conditionnées par ce que j’appellerais le risque psychosociologique majeur.Le problème est alors de savoir qui définit le risque acceptable ?Ewald a raison de dire que « le principe de précaution est toujours lié à la défense d’un système de valeurs. Il commande de donner le plus grand poids au plus petit risque…. Cela suppose que la société veut se protéger au maximum et que le décès devrait pouvoir être évité ». L’analyse de la gestion de la grippe A montre que les processus de décisions n’ont pas encore su intégrer la gestion des perceptions comme élément clé du risque psychosociologique majeur.