Quel est le point commun entre la musique d’Oasis, de Prodigy et d’Amon Tobin ? A priori aucun. Pourtant tous ont utilisé un rythme similaire. Ces quelques battements de baguettes sont ancrés si profondément dans l’histoire de la musique qu’ils font maintenant partie de l’inconscient collectif. Un petit morceau de batterie qui porte un nom : l’Amen break.
http://www.fileden.com/files/2009/8/8/2536961/Amen.mp3
Ne dites pas que vous ne connaissez pas ce rythme.
Il faut remonter à l’Amérique psychédélique des années 60 pour en trouver l’origine. A l’époque, un petit groupe de Washington essaye de se faire une place sur la scène musicale en pleine tourmente funk : The Winstons (ou The Winston Brothers).
Jusque là rien d’exceptionnel, si ce n’est que le batteur du groupe, G. C. Coleman, va marquer d’une empreinte indélébile l’histoire de la musique. En 1969, le groupe sort en effet Color Him Father, un EP de deux titres dont la face B deviendra vite légendaire. Sur le verso de cette galette, les Winstons reprennent à la sauce funk un classique du gospel intitulé Amen. Au bout d’1 minute 27 d’un morceau qui - il faut bien l’avouer - ne casse pourtant pas des briques, Coleman nous gratifie d’un solo de génie dont on entend encore les échos aujourd’hui :
http://www.fileden.com/files/2009/8/8/2536961/Winstons-Amen%2C%20Brother.mp3
Car ce que les Winston Brothers n’avaient pas prévu, c’était l’arrivée du hip-hop dans les années 1980. La revendication noire prend une nouvelle forme musicale et les artistes de tout poil vont farfouiller dans leurs vieux vinyles pour en extraire de précieuses secondes qui, passées en boucle, accélérées et martyrisées, viendront soutenir le flot de leurs textes engagés. Parmi ces samples se trouve ce fameux solo de batterie, baptisé “Amen break” en référence au titre de la chanson dont il est extrait. Un exemple ici avec I Desire des trois rappeuses de Salt’N Pepa.
Joué toujours plus vite, l’Amen break devient ensuite le fondateur du breakbeat puis de la drum’n bass au début des années 1990. Pour se convaincre de la paternité, il suffit de le réécouter en boucle une fois accéléré :
http://www.fileden.com/files/2009/8/8/2536961/Amen%20-%20Jungle.mp3
Aujourd’hui encore de nombreux artistes réutilisent ce solo de batterie dans leur composition, tous styles et horizons confondus. Petit florilège :
Plus lentement :
Oasis — Do You Know What I Mean
De façon plus rapide :
David Bowie — Little Wonder
The Prodigy — Firestarter
Encore plus déstructuré :
Aphex Twin – Boy / Girl Song
Amon Tobin — Nightlife
Et même dans vos séries préférées, comme Futurama ou Les Supers Nanas (The Powerpuff Girls).
Crédits Photos : txato