Nous, on les connaît par cœur, ces entrepreneurs d’enlaidissement, de tintamarre à vous balancer, de destructions à pleurer. Nous, on sait qu’ils n’hésiteront pas à saloper le bel alentour si ça leur rapporte du sonnant et trébuchant pèze, quitte à rompre l’équilibre enchanteur de ce petit bout de terre. On le sait, oui, pas de faux-semblant, car ils nous ressemblent atrocement lorsqu’on laisse aller nos plus vénaux instincts et que se répand l’infect matérialisme prêt à passer sur l’autre pour assouvir sa frénésie possessive.
L’accaparement criard pour toute poésie d’exister, des tsunamis de poussières pour faire suffoquer et crever ceux qui résisteraient, le vacarme du concassage comme nouvel horizon… Pas sur Pandora, chez les idéaux Na’vi, que se trame l’envahissement, mais dans un coin du Languedoc, Fontès, petit village en pleine santé menacé par les défécations d’exploiteurs de carrières. Ils voudraient bien, les bougres, massacrer le paysage, éradiquer les senteurs occitanes aux portes d’un des plus charmants nids de l’Hérault.
Alors quoi ! Courber l’échine pour servir de marchepied à ces engraissés du toujours-plus-de-profits ou innerver notre refus par l’esprit de corps de tous ceux qui voudront soutenir ce significatif combat de la terre à cigales contre le fer à écrous ? Un conte à l’échelle humaine, quelques hérauts à la voix forte à défaut de Na’vi pour nous faire prendre conscience des saccages en cours. La beauté d’exister commence par le respect des univers que l’on foule. Fontès mérite cette gueulante rabelaisienne pour engloutir d’écœurants appétits.
De Pandora à Fontès, des spéculateurs financiers aux goinfres de l’économie dite réelle, la sinistre ritournelle n’incite pas à la mesure. Leur mettre le groin bien au fond de leur salissante démesure pour qu’ils retrouvent, peut-être, leur part d’humanité, celle qui pousse à refermer et à sceller toutes ces boîtes de Pandore.
Article publié sur le site du Monde :