La monnaie unique européenne, formidable outil de cohésion symbolique, bien que souvent contestée par les citoyens européens qui l'accusent de poussées
inflationnistes, a néanmoins changer la puissance économique des entreprises. Quand hier, une entreprise réalisait un milliard de francs de chiffre d'affaire, aujourd'hui, convertie en euros, elle
ne pèse plus "que" 150 millions, autant dire une naine !
A l'échelle de la globalisation, une entreprise de 150 millions d'euros de CA ne peut envisager d'atteindre une envergure internationale et de faire sa place sur tous les grands marchés
consommateurs que sont l'Amérique du Nord, le Japon, les BRIC, l'Europe et quelques autres. A l'aune d'une crise économique qui a affaiblit des entreprises sous-dimensionnées en taille et
sous-alimentées en ressources, on sent poindre un nouvel élan de concentration qui va s'amplifier dans les années à venir dans les secteurs de l'automobile, de la high tech, de l'alimentaire, de
l'énergie, des télécommunications... Mais aussi dans le luxe, la mode, la culture...
Des secteurs où la concentration va s'opérer avec une rationalisation des portefeuille de marques, indispensable alors que trop de labels encombrent les marchés sans apporter la démonstration
qu'ils savent bousculer les catégories, innover, séduire, inventer de nouveaux horizons de consommation.
Interrogé par la magazine LSA du 8 janvier, Loïc Tassel, PDG France de Procter & Gamble, numéro deux mondial des produits de grande consommation, rappelait l'ambition de son groupe de toucher 5
milliards de consommateurs à l'horizon 2015, contre 4 aujourd'hui ; et de développer les 300 marques de ce géant, en se félicitant que 22 d'entre elles sont devenues "milliardaires".
Certes, elles sont milliardaires, mais en dollars, ce qui en euros ne représente "que" 690 millions ! Autant dire, une gentille moyenne...