Le décor, c’est la banlieue parisienne. Pas Neuilly, plutôt La Courneuve. Là où le béton a fini de gommer toute forme de vie. Les tours. Pas de question de beurs, de blacks, de clichés aussi désuets que stupides, d’identité nationale… Samuel Benchetrit fait éclater tous ces clichés abêtissants, nous plongeant dans le monde de l’enfance plein d’innocence, de spontanéité, d’amour, de tendresse.
Le héros, c’est Charlie Traoré, un enfant de 10 ans d’origine malienne qui vit dans une cité, entre la tour Rimbaud et la tour Simone de Beauvoir. C’est lui que l’on suit durant une journée (les chapitres du livre se contentent d’être titrés par l’heure qui tourne), le point de départ étant l’arrestation de sa mère par la police, faute de permis de séjour en règle. Au fil des heures, on voit le petit Charlie errer dans la cité à la rencontre de ceux qui la composent.
On se prend de tendresse pour ce gamin espiègle au coeur énorme, qui nous fait découvrir son quotidien : son errement dans les rues à la recherche de son frère, Henry, qui se drogue et disparaît très souvent. On découvre avec ses yeux d’enfant et sa curiosité attendrissante ses copains, son amoureuse prénommée Mélanie, sa cité, sa mère qui est encore toute sa vie, le foot, Rimbaud…
C’est formidable. On en sort joyeux, confiant dans cette société que pourtant certains s’évertuent à tous prix à nous présenter comme étant irrémédiablement pourrie. Alors, désolée Monsieur Benchetrit, je ne prendrai plus votre timidité pour de l’arrogance. Et encore bravo… et merci.