Le 21 mai 1924, deux jeunes homosexuels de la bonne bourgeoisie juive de Chicago, Richard Loeb et Nathan Leopold, tuèrent sans raison un jeune garçon, afin de se prouver à eux-mêmes qu’ils étaient supérieurement intelligents et capables de réaliser un crime parfait sans être pris. Ils furent aisément identifiés et leur procès fut l’objet de beaucoup d’attention, renforcée par leur origine ethnique et la révélation de leur homosexualité.
En 1948, Alfred Hitchcock réalisa Rope, un film en huis clos sur ce sujet, lourd de sous-entendus homosexuels et oppressant, et ce d’autant plus qu’il semble avoir été tourné en un seul plan séquence. Il y a en fait dix raccords, soigneusement cachés au sein du film et que le spectateur ordinaire ne décèle pas. Mais, de même que les meurtriers suprêmement intelligents furent aisément dévoilés par les indices qu’ils laissèrent ici et là, le cinéaste plus malin que son public a lui aussi laissé quelques indices, et l’attrait du film pour le cinéphile est d’identifier ces raccords, par exemple quand la caméra passe sur le dos d’un personnage. Ce que Hitchcock démontra là, c’est que la technique du montage contribue à la narration en restant transparente, indécelable pour le spectateur ordinaire.
L’autre module présente aux mêmes dates une vidéo d’animation animalière de Bertrand Dezoteux, Le Corso, avec une cavalcade effrénée et incompréhensible d’animaux tenant de la chèvre et du bouquetin; mais il y a vers la fin, quelques moments d’ironie poétique avec un défilé burlesque qui fait sourire. Pas vraiment dans la même ligue…