J’ai été frappée par la proximité étrange que je ressentais pour la gouvernante médiatique. Pourtant, je n’ai pas vraiment fan de l’émission, alors certes je ne manquais pas un inédit, mais il s’agissait plus de satisfaire ma femme, qui, elle, l’adorait.
En y réfléchissant, je me dis que malgré la critique incisive à son égard, ma super héroïne favorite véhiculait des messages vraiment positifs.
D’abord, malgré le virage déplaisant pris par ses dernières aventures, Super avait le mérite d’intervenir dans tous les milieux. J’ai gardé un souvenir ému de ce père de famille, riche au point de ne pas travailler, que Cathy avait contraint d’emmener ses enfants à l’école, le pauvre type s’était paumé ne sachant pas où ses propres gosses pouvaient étudier, et ensuite de les accompagner pour jouer dans un parc. Le gars avait ressenti le simple fait de s’occuper de ses enfants comme une atroce corvée. Le dimanche avec sa femme, ce couple avait d’ailleurs l’habitude étonnante de laisser les mioches à leur fille aînée pour aller faire je ne sais quoi, je ne sais où. Bon, évidemment, les familles, dans lesquelles Super Nanny est intervenue, n’étaient pas toujours reluisantes. La famille de dix enfants et la glorieuse mère célibataire qui partageait sa vie avec un étrange voisin moustachu en sont la preuve récente. Mais à voir Cathy évoluer chez tous ces gens, on pouvait aisément imaginer qu’elle avait élevé les enfants d’émir dans des palais orientaux.
Super avait également un petit côté féministe qui ne pouvait pas me laisser indifférente. Elle a à maintes reprises houspillé les pères démissionnaires et souvent paresseux des petites terreurs qu’elle remettait sur le droit chemin leur rappelant régulièrement qu’un papa peut donner le bain ou lire une histoire à sa marmaille remuante. Super Nanny savait aussi trouver les mots et les attitudes face aux mamans célibataires souvent crevées et donc démunies pour gérer toute seule leurs remuants bambins. Je crois d’ailleurs que mon aventure préférée la mettait en scène avec une jeune mère un peu laxiste qu’elle réussissait finalement à convertir en douceur à ses méthodes.
Super Nanny rappelait enfin aux parents que la télévision ne suffit pas comme baby-sitter et que les enfants doivent aussi lire quand ils en ont l’âge ou bien s’endormir en écoutant les histoires narrées par leurs parents. Elle se souciait aussi de l’équilibre alimentaire des enfants, ce qui n’est pas du luxe en ce moment.
Pour tout ça, mais aussi son humour parfois cinglant, ses grimaces en découvrant l’ampleur de la démission parentale ou son célèbre doigt (j’y tiens), Super Nanny manquera à mon petit écran…