Contes de l'ordi sacré : Gudule au Centre de la terre 30

Publié le 21 janvier 2010 par Porky

EPISODE 30 ET DERNIER : Où tout est bien qui finit bien comme dans tout conte qui se respecte, même inepte. 

Quelques mois après le départ de nos amis du Centre de la terre, un cri retentit dans tout le Royaume : L'Impératrice était enceinte !

A peine sortie des mains du médecin, Multimédia l'Impératrice Stressée tomba dans les bras de Marsupilania. « Je suis à la fois sublimement heureuse et atrocement angoissée », commença-t-elle, et la logorrhée qui s'annonçait fit lever au ciel les yeux de notre Vaillante. « Qu'est-ce que je vais mettre au monde, Marsu ? Tu te rends compte ? Un humain ? Un caribou ? Un mi-humain, mi-caribou ? Un bébé à bois ? Un trois-quarts de caribou et un quart d'humain ? Un quart de caribou et un trois-quarts d'humain ? Un tiers d'humain et un deux tiers de caribou ? Un... » « Oh, tu saoules et tu gonfles ! gronda Marsupilania. Tu as encore un certain nombre de mois pour y penser ! » « Oui, tu as raison, admit L'Impératrice. L'important, c'est que ce soit l'enfant de mon Maléfique Chéri. Peu importe ce qu'il sera. J'aimerais cependant mieux ne pas crever pendant l'accouchement... » « Tu es immortelle, patate ! » dit Marsupilania. « Ah oui, c'est vrai, admit encore Multimédia. Oui, mais alors, je ne veux pas souffrir... Tu crois qu'ils font les péridurales, ici ? Je me demande si je ne ferais pas mieux d'aller accoucher à la surface... Chez mes parents... Oh non, finalement, vaudrait mieux pas, si mon enfant est un caribou, ça va encore faire jaser en ville, déjà que les voisins de mes parents s'inquiètent ne pas avoir encore vu mon mari... »

L'entrée d'un serviteur empêcha Marsupilania de rugir. « Un message vient d'arriver sur votre ordi, Votre Altesse », dit le serviteur et il tendit le papier à Multimédia qui le lut rapidement. « Oh merde ! s'écria-t-elle, horrifiée. C'est de Logarithme. Il est à nouveau prisonnier dans son château parce qu'à cause des pluies, il y a eu des inondations, et la rivière recommence à couler, il ne peut plus sortir... Il paraît qu'une certaine Maria lui a promis son aide... »

Et cette fois, la Vaillante explosa :

« Ah non, punaise de bois de lit, ça ne va pas recommencer !... »

 QUELQUES ANNEES PLUS TARD, QUELQUES VIES....

Sur Pluton L'infernale Atrocité, Gudule, le Séide et le Caribou Fou vivaient toujours ensemble, dans leur palais de glace dont l'intérieur était tapissé de peaux de bête et de fourrures, ce qui fait qu'ils n'avaient pas à se plaindre de la température ambiante. Gudule ayant cédé au charme pourtant peu évident du caribou fou, elle avait donné naissance à six jolis petits Caridules, mâles et femelles, à qui elle essayait d'apprendre les formules magiques pour qu'ils puissent se rendre un jour sur terre. Pendant ce temps le Caribou Fou cabriolait dans la neige de Pluton. Le Servile Séide lui-même ayant fini par coucher avec la sorcière du château d'Onyx Noir (on prend ce qu'on a) avait fabriqué ainsi un petit humain, demi-frère des caridules. Tout ce beau monde piaillait à qui mieux mieux, ça se tapait sur la figure, ça se traînait par les cheveux, et ça faisait « gnaa, gnnaaa, gnaa » à longueur de journée, comme papa et tonton.

Au Centre de la terre, L'Empereur et l'Impératrice régnaient sans partage, pas forcément aimés de leurs sujets, mais en tous cas craints et respectés. Multimédia n'était point morte de ses accouchements, elle avait eu toutes les péridurales qu'il fallait et avait acquis une autorité certaine sur le personnel du Palais Impérial. Elle élevait avec beaucoup d'amour, de tendresse, mais une poigne inflexible, ses sept caridia, comme les appelait Marsupilania, gâteuse devant eux. Tous des mâles, et l'Empereur en était très fier. De beaux petits caribous à sentiments humains, intelligents, curieux, vifs d'esprit et particulièrement excités, à l'instar de leur maman. L'Empereur avait déjà commencé l'instruction politique et sociale de l'aîné. Multimédia s'était bien un peu stressée à cause des problèmes de succession qui risquaient de poindre à l'horizon puis s'était calmée, et, sur les conseils de Logarithme, se disait à présent « on verra bien, profitons du moment présent, les emmerdes arriveront bien assez tôt comme ça. »

Logarithme et Monogramme vivaient ensemble séparément, tranquillement amoureux mais sans plus. Logarithme s'ennuyait toujours autant dans son Splendide Château et ne perdait pas une occasion de se rendre au Centre de la terre ou au Canada. Sa haine des voyages lointains semblait s'être estompée et il alla même deux ou trois fois rendre visite au Masque de Fer à la Femme Maigre sur l'île Sainte Marguerite, parce qu'au fond, il les aimait bien. Aucun petit Logarithme et aucune petite Monogramme ne peuplait pour l'instant le splendide Château ou le Pavillon de Chasse dix-huitième. Forcément : les séjours de Logarithme au Pavillon commençaient peu à peu à s'espacer, ce qui, au demeurant ne veut strictement rien dire, que le lecteur ne commence pas à dauber sur le compte de notre couple Princier.

Dans ma cabane au Canada, le Caribou Magique essayait d'apprendre la magie à Myxomatose mais ce dernier, assez lent à la comprenette, et malgré de louables efforts, n'avait même pas réussi à atteindre un niveau acceptable. Le caribou magique ne désespérait pourtant pas d'arriver, dans quelques siècles, à un résultat convenable. Myxomatose descendait toutes les semaines au Centre de la Terre et était le parrain de l'aîné des Caridia, Logarithme étant celui du deuxième. La première fois qu'il avait utilisé les formules magiques, notre Masqué les avait, bien entendu, prononcé de travers et avait atterri sur une plage pleine d'os et de débris divers et s'y était brisé une jambe ; il avait fallu le pouvoir de l'Impératrice pour recoller les morceaux. La seconde tentative n'avait guère été mieux, et la troisième pas davantage ; ce ne fut que lorsque Marsupilania menaça de lui couper  ses attributs virils avec un châtre chien rouillé que notre Bien Aimé Masqué accepta de psalmodier correctement. Et depuis, tout va bien, il entre et sort du Centre de la terre sans problème.

Marsupilania était heureuse, sans nager pour autant dans le bonheur, mais sans couler non plus dans les bas-fonds du désespoir. Le CDC était ce qu'il était, pas moyen de le changer. Adonc la Vaillante en avait pris son parti et allait quelquefois discuter le bout de gras avec Jo la Fine, toujours juchée sur son escabeau et toujours horrible à contempler.

Quant à la  Femme Maigre et au Masque de fer, rien de spécial à en dire. Le Masque attendait toujours qu'un éditeur voulût bien s'intéresser à ses Mémoires et la Femme Maigre d'être écoutée. Nous ne pouvons que leur souhaiter bonne chance.

Voilà. Nos Contes s'achèvent. En espérant qu'ils ne vous auront pas trop saoulés ou ennuyés...

Bonsoir, lecteur chéri. La veillée est terminée.

FIN DES CONTES DE L'ORDI SACRE

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