A l’heure qu’il est, les « deux otages suisses » sont toujours retenus en Libye. Au départ, tout était clair, la gentille justice genevoise, émanation du bien, avait justement arrêté le fiston Kadhafi, un vrai méchant, pour avoir molesté ses loufiats. Pour se venger, le méchant et sa famille de méchants ont décidé de retenir deux citoyens suisses présents en Libye au mauvais moment sous le fallacieux prétexte que leurs visas n’étaient pas en règle, ce qui est évidemment un mensonge des méchants. Des méchants avec lesquels, il est vrai, la Suisse entretient des relations économiques et qu’il convient donc de ne pas trop fâcher. Voilà en gros la version officielle et médiatique de l’ « affaire Kadhafi ». Tout est limpide et notre gouvernement, aidé d’ONG, fait tout son possible, en gaffant parfois, pour obtenir le retour au pays de nos deux compatriotes. Une histoire simple quoi.
Il n’empêche que ça commence à durer et qu’il n’est pas interdit de se poser quelques questions et notamment pourquoi il a fallu attendre plus d’une année pour connaître les noms et les visages des deux Suisses, ce que faisaient ces deux personnes en Libye au moment de leur arrestation, quel est finalement le c.v. et le pédigrée de ces toujours quasi inconnus que sont Max Göldi et Rachid Hamdani, pourquoi ce sont eux qui ont été arrêtés par les Libyens et pas d’autres Suisses, pourquoi les rumeurs qui ont fait état de liens entre Rachid Hamdani et le premier ministres libyen ainsi que celles évoquant des déplacements de ce même otage en Tunisie n’ont jamais été démenties ou approfondies, pourquoi la déclaration du Conseiller fédéral Ueli Maurer, en septembre dernier, disant que les deux Suisses rentreraient « au plus tard fin 2010 » n’a fait l’objet commentaire. Et puis enfin, pourquoi est-ce que personne n’ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : que les autorités genevoises ont fait une bourde monumentale en entôlant Hannibal Kadhafi.
Finalement, avec un peu d’imagination et de mauvaise foi, cette histoire ressemble à une histoire de barbouzes, non ?