Les avocats de de Julien Coupat, le célèbre anarcho-autonome de Tarnac, vont réclamer l'annulation de toute la procédure sur l'affaire des sabotages des lignes TGV en novembre 2008. C'est affaire de bon sens, il me semble. Déjà qu'il n'y avait pas grand-chose à mettre dans le dossier en guise de preuves, vient s'ajouter à la famélique boîte cartonnée, l'utilisation par les super-policiers d'un système de vidéo-surveillance illégal. En effet, deux caméras avaient été installées au domicile parisien de Julien Coupat, histoire de le coincer parce que soupçonné d'être à l'origine de ces sabotages.
La première caméra matait en permanence la porte d'entrée de l'atelier ; l'autre, était placée dans la cour intérieure. Le tout, trois mois avant les arrestations et l'ouverture de l'instruction. Bien sûr, aucune autorisation n'avait été délivrée par aucun juge. Maître Assous, le représentant de ce dangereux terroriste français (on a les Ben Laden qu'on peut !), le déclare sans ambages : “Ça témoigne de la méconnaissance des règles élémentaires de la procédure pénale par les officiers de la sous-direction anti-terroriste chargés de cette enquête. Ils se croient tout permis…” Cette affaire n'étant que du vent, quoi de plus naturel que d'annuler la procédure ?
Comme souvent, dans ce genre de nullité judiciaire, les services de polices et ceux de la justice, pour ne pas se montrer plus ridicules qu'ils ne le sont, haussant le menton, montrant par là qu'ils sont libres et indépendants, n'ayant d'ordre à recevoir de personne, n'étant pas à une incohérence près, le regard froid et le front lisse, n'imaginent à aucun moment l'abandon de la partie, au pire, ils consentent le retrait de quelques photos du dossier, prises au noir, sans aucune autorisation légale. Pour le reste, l'affaire continue. C'est ça la justice. Regardez l'affaire Seznec, même dans le doute absolu, elle se tient toute raide ! Espérons que dans l'affaire Tarnac, elle saura se montrer à la hauteur.
La justice est comme ça. Elle ressemble un peu au milieu de la brocante : pour faire des bonnes affaires il faut palabrer. Se montrer ferme de part et d'autre. Plus on palabre, plus la victoire qu'on arrache est belle. C'est ainsi pour tout dans la vie. On n'obtient rien sans efforts. C'est le principe de la psychorigidité du pouvoir et de l'autorité. Prenez les dépenses de l'Elysée sur les commandes de sondages pour un montant de 3,28 millions d'euros en 2008. Dépense astronomique s'il en est. Surtout pour des études montrant toutes la mauvaise image trimballée par le National Président. On se souvient que cette affaire avait été épinglée par la Cour des Comptes alors présidée par feu Philippe Séguin.
La Cour avait en outre « relevé «au moins 15» études d’opinion facturées à la présidence et «identiques» à celles publiées dans la presse. Et pointé le caractère «exorbitant» (près de 1,5 million d’euros en 2008) de la convention liant l’Elysée et un cabinet d’études, Publifact, du politologue Patrick Buisson (un ancien de « Minute »), conseiller de Sarkozy. » Si jamais la chose pouvait interpeler quelque citoyen soucieux d'équité, qu'il se rassure, ce n'est pas demain la veille que les affaires vont changer dans ce pays : « Un amendement a été adopté, ce matin, en commission des finances de l'Assemblée nationale, afin d'exclure du champ d'investigation de la commission d'enquête voulue par le PS, les dépenses de la présidence de la République », lit-on dans la presse.
Quelle importance dès lors, si, en dépit de tout effort, on nous annonce qu'un million de demandeurs d'emploi vont perdre leurs droits à l'assurance-chômage en 2010 ? Comme le prévoit la direction des statistiques, enquêtes et prévisions de Pôle emploi, dans un document du 25 novembre 2009. De tout cela, ni l'Elysée, ni monsieur Henri Proglio n'ont que faire. Les émoluments du nouveau patron d'EDF, qui est en même temps président du CA de Veolia, ont beau scandaliser l'opinion, les godillots de l'UMP ont des arguments à faire valoir et ne s'en privent pas. Les grosses huiles de l'UMP et les ministres se sont relayés pour nous faire entendre raison via les médias, toujours disponibles pour le coup de main : « 2 millions, c'est bien payé ! » Juste si nous ne devons pas applaudir à tout rompre devant un tel spectacle. Si quelqu'un dans l'assemblée ose avancer des histoires de guerre de classes ou des choses de ce genre, dites-lui que « deux noires pour une blanche c'est inscrit dans le tempo ».