Continuons dans l'exploration des nouvelles séries de ce mois de janvier 2010.
Si je vous parle, esclave, révolte, complots contre le pouvoir... A quelle série votre esprit téléphagique pense-t-il immédiatement ? A la sanglante Spartacus : Blood and Sand, dont la diffusion débutera le 22 janvier sur la chaîne câblée américaine Starz ? Eh bien, perdu. Souvenez-vous que je suis d'un naturel bienveillant. Je ne vais pas vous infliger des notes inutiles, en remuant le couteau dans la plaie, pour vous redire combien Spartacus : Blood and Sand, c'est nul (oui, il faudrait nuancer, mais je serai partisane aujourd'hui). Si j'étais conservatrice, je pourrais opter pour la facilité en vous conseillant tout simplement de vous replonger dans Rome, afin d'étancher votre soif d'Antiquité. Mais comme je suis une blogueuse pleine d'attention envers ses lecteurs, je vais faire mieux que ça : je vais vous parler d'une autre série traitant d'esclaves et de révoltes, dont la diffusion a débuté, avec succès (cf. Chuno breaks 30% in its second week), le 6 janvier 2010, sur KBS2 ; et qui, elle, mérite que vous consacriez quelques minutes de votre temps à lire son billet !
Je prends donc mon bâton de pèlerin téléphagique (interprétez cela comme un acte de militantisme sériephile) et vais vous parler de Chuno, a.k.a Slave Hunters (ou encore Pursuing Servants), qui est incontestablement la série sud-coréenne du moment.
Chuno est un drama historique. Cependant il ne s'agit pas simplement d'une série d'intrigues de cour, comme certaines fictions de ce genre peuvent l'être : elle a en effet lieu la majeure partie du temps en extérieur, en nous plongeant dans les plus basses couches de la société de l'époque, auprès des esclaves.
L'histoire se déroule au XVIIe siècle, au temps de la Corée du Choson (Joseon). Elle débute en 1636, après la seconde invasion Mandchoue. Un tyran gouverne alors le pays, ayant écarté la famille régnante légitime par de multiples assassinats. Seul un prince en a réchappé et a été envoyé en exil, dans une ville loin du pouvoir. La population souffre. Elle a dû en grande partie lourdement s'endetter pour pouvoir assurer sa survie, et nombreux sont les habitants que cette situation a réduit en esclavage.
Dans cette époque troublée, Dae Gil, fils d'une famille noble ruinée, a survécu à la déchéance sociale en devenant un chasseur réputé d'esclaves en fuite. Il a constitué toute une bande autour de lui et il poursuit inlassablement une quête qui semble vouée à l'échec : retrouver une jeune femme qu'il a jadis aimée, qui était une domestique de sa famille, Un Nyun. Sa route va croiser celle de Tae Ha, un ancien garde royal, devenu esclave, suite à une injuste accusation d'un crime qu'il n'a pas commis. Il est depuis cantonné aux plus basses besognes, rattaché au travail dans les écuries. Or, Tae Ha s'enfuit un jour ; Dae Gil va se lancer à sa poursuite. Tandis que Un Nyun, sous une nouvelle identité, réapparaît. Dans le même temps, les gouvernants souhaitent en finir une fois pour toute avec le dernier survivant de l'ancienne famille régnante.
Chuno (Slave Hunters) était sans conteste la nouveauté dont j'attendais le plus en cette rentrée de janvier en Corée du Sud. En plus de présenter un synopsis de départ, plein de potentiel, servi par un casting prometteur, les bandes-annonces laissaient entrevoir une fiction très aboutie visuellement. Et c'est avec plaisir que je vous confie que ces premiers épisodes ont été à la hauteur des promesses esquissées au cours des dernières semaines.
La première chose qui frappe le téléspectateur qui découvre Chuno, ce sont ses images. Optant pour un angle réaliste en terme de retranscription des scènes les plus violentes, elles ont à l'évidence été très travaillées. La réalisation est particulièrement soignée ; ce qui donne finalement un esthétique d'ensemble très beau. Parfois même, peut-être un peu trop, tant on ressent que le réalisateur et les monteurs se sont manifestement fait plaisir, de façon à mettre en valeur chaque action et, plus généralement, chacun des personnages. Certains ralentis lors des scènes de combat étaient peut-être dispensables ; mais il reste que, globalement, le rendu visuel est impressionnant. Cela dénote un angle résolument moderne qui fait ainsi passer les dramas historiques dans une autre dimension. Au final, le téléspectateur se voit donc offert une série très aboutie sur un plan formel et technique, agréable à regarder sur un bel écran.
Sur le fond, l'histoire se met peu à peu en place, sans temps morts. Le premier épisode s'avère efficace et offre ce que l'on attend d'une première exposition : il distille quelques informations intrigantes au compte-goutte, tout en posant la situation de départ à partir de laquelle le drama va évoluer. Cela fonctionne, l'ambiance prend bien et l'intérêt du téléspectateur n'est jamais pris en défaut, dans cet épisode tendu, concentrant déjà drames personnels poignants et petites parenthèses plus légères. A priori, nous retrouvons des thématiques classiques, d'injustices à réparer, de vengeance, d'amours perdus, le tout saupoudré d'un soupçon de politique et d'intrigues.
S'il est trop tôt pour évaluer si le récit s'avèrera convaincant sur le long terme, il délivre en tout cas plein de réelles promesses qui incitent à l'optimisme. Tous les ingrédients sont présents pour que cela réussisse ; et le coktail prend dès le départ. A noter aussi que la reconstitution de la société coréenne de l'époque est particulièrement bien faite ; on ressent vraiment, tant l'extrême rigidité des classes sociales, que l'intense détresse qui émane de la majeure partie de la population. Ma seule réserve, dans la construction des storylines, résiderait plutôt dans la technique choisie pour nous narrer le passé des personnages principaux : l'utilisation des flash-backs. J'aurais tendance à préférer que les scénaristes y consacrent un premier épisode, pour tout introduire, plutôt que de faire des aller-retours parfois un peu confus. Mais cela reste un point de détail.
Par ailleurs, un autre atout incontournable de cet élégant drama réside dans son casting. On retrouve en effet à l'affiche des noms connus très attrayants, qui ne laissent pas indifférents les amateurs de k-dramas : Jang Hyuk (Tazza), qui incarne Dae Gil, le fils de noble devenu chasseur d'esclaves ; Oh Ji Ho (Fantasy Couple, Queen of Housewives), qui joue, lui, l'ancien soldat du roi devenu esclave ; et enfin, au coeur d'une distribution très masculine, la belle Lee Da Hae (My Girl, East of Eden) est l'ancienne servante de Dae Gil. Une galerie d'acteurs donc a priori très solide, qui s'impose d'ailleurs sans difficulté dès le premier épisode.
Enfin, dernier détail qui finalise l'ambiance de la série : sa bande-son se révèle agréable, sachant efficacement mettre en valeur les actions ou les scènes qu'elle entend souligner. L'atmosphère ainsi créée, grâce à ces musiques, donne une force et une fluidité supplémentaires au récit.Bilan : Chuno (Slave Hunters) propose donc un début des plus convaincants, j'irai même jusqu'à le qualifier d'enthousiasmant !
Sur un plan formel et esthétique, ce drama apparaît vraiment très travaillé, ce qui est particulièrement agréable pour l'oeil du téléspectateur. Il est parfois même peut-être un peu trop "beau", au vu de l'histoire et du milieu social dans lequel il se déroule. Mais, pour le moment, on y prend surtout beaucoup de plaisir, car, sur le fond, la série s'installe efficacement. L'histoire se met progressivement en place, captant rapidement l'intérêt du téléspectateur, tout en promettant beaucoup pour la suite.
Une série donc à découvrir pour tout amateur de dramas asiatiques !
NOTE : 7,5/10
Je reviendrai dresser un bilan d'ensemble dans quelques mois, une fois la diffusion de la série achevée. En attendant, toi, téléphage occidental, si jamais tu tiens absolument à suivre une aventure historique, épique et (probablement) tragique, d'esclaves, de révoltes et de complots, pourquoi ne pas essayer Chuno plutôt que de perdre ton temps devant Spartacus : Blood and Sand ?
Les bande-annonces :
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 15 février à 11:35
Merci pour cet article digne des meilleures critiques télé. J'adore le style d'écriture et le contenu donne vraiment envie de commencer ce drama.
Une série-phage à la recherche de nouvelles sensations !