Écrivain et comédien, Luc Girerd se retrouve seul en scène pour cette adaptation de son troisième roman : "éloge du père qui m’assassina" publié en 2003 chez Albin-Michel. Il y est question d’une histoire d’amour flamboyante entre un père hors-norme et son fils qui n’a pas su se débarrasser de l’image trop présente de ce père excessif. La pièce mise en scène est signée Jérôme Goudour.
La psychanalyse moderne enseigne que pour pouvoir exister et se faire "sa place", il faut symboliquement "tuer le père". non seulement Luc Girerd n'y est jamais parvenu, mais en plus il fait éloge de celui qui n’a cessé de lui gâcher la vie; se condamnant ainsi à vivre dans l'ombre de ce tyran domestique que fut ce père qu'il accompagna néanmoins jusqu'au dernier souffle.
Un paternel Deus ex-Machina qui sa vie durant a régné sur le quotidien de son entourage, en despote, pas toujours bien éclairé, il faut bien le dire !
Tour à tour savant nucléaire, promoteur naturiste, architecte d’illusions, pianiste algébrique, il rédigea un "Traitement des équations différentielles sur calculateurs électroniques" de plus de cinq cents pages ! Semeur d’espoirs, fornicateur sans limites, arpenteur de chimères, terroriste sentimental et chasseur de cons, rythmant la vie de son clan au gré de ses humeurs, pétrifiant ses proches par sa violence et son génie.
Il côtoya les grands de ce monde, fut un intime de Boris Vian, de Romain Gary, recevant même un énorme tronc en acajou de la part de Fidel Castro en remerciement de son soutien involontaire à la cause castriste !
Héros de l’Hybris
Qu’il parte soudainement chasser le requin en Irlande, qu’il cède à chacune de ses maîtresses, en guise d’adieu, l'un des pointers de son élevage, qu’il peuple, en grand amoureux des animaux, ses différents domiciles de toutes les espèces possibles et imaginables ; une chose est sûre : il est sans cesse dans l’excès !
Difficile de dresser une liste exhaustive de cette truculence paternelle. Chacune des pages de cet ouvrage est une surenchère, un assemblage d’anecdotes toutes plus rocambolesques les unes que les autres. Mais derrière cet amoncellement de faits héroïques se cache également une personnalité paternelle en grande souffrance, monstrueuse d’égoïsme, socialement aigrie, mais qui avant de tirer sa révérence au monde, aura eu le temps "d’assassiner" ce fils qui continue à le vénérer.
Jean-Luc Girerd a signé avec cette pièce son troisième opus ; une pièce à la fois magistrale et hilarante, évocation d’un homme unique qui vécut une existence vouée à la démesure, cette Hybris si chère aux Grecs de l’Antiquité. Ce spectacle fut un des succès du festival d’Avignon-OFF 2007. Il a connu depuis plus de cent représentations dans toute la France et à l’étranger.
La pièce sera interprétée au Théâtre Antibea à Antibes, les 22 et 23 janvier à 20h30 et le 24 janvier à 16h00.
Tarifs : 16€ et 13€ (étudiants, retraités, chômeurs). Réservations : 04 93 34 24 30
Publié par Lea Raso.