Elle s'appelle Emma Bovary et son histoire est célèbre. Amoureuse de l'amour, elle a vécu d'illusions, trompé son mari et ruiné son ménage. Dans un geste de désespoir, elle se tue en absorbant une forte dose d'arsenic - c'est du moins ce que prétendra Flaubert. Or c'est un fait reconnu que l'arsenic, en une seule prise, n'est presque jamais mortel...
Voici ce qui s'est réellement passé : au chevet de la jeune femme, cieux médecins ont été appelés. L'un, le docteur Canivet, relève des traces discrètes de contusions ; l'autre, le professeur Larivière, pourra témoigner des derniers mots chuchotés par Emma : "Assassinée, pas suicidée." Deux policiers de Rouen sont dépêchés à Yonville afin d'élucider l'affaire. Et les voilà bientôt nantis de plusieurs suspects possibles : un mari cocufié, un prêteur sur gages, deux femmes de caractère, un cynique libertin, un pharmacien concupiscent...
Dans le décor médiocre et petit-bourgeois où Emma suffoquait d'ennui, Philippe Doumenc orchestre une contre-enquête brillante et talentueuse - un vrai et noir roman qui nous révèle enfin ce que Flaubert lui-même feignait d'ignorer.
C'est un petit roman que j'ai lu rapidement et avec plaisir. On y retrouve tous les personnages-clés de celui de Monsieur Flaubert (lui-même assistera aux obsèques de la belle Emma), et bien sûr chacun d'entre eux aura une bonne raison de devenir le suspect n°1 de l'assassinat.
Charles y est présenté comme un personnage falot, un peu niais, tandis que les autres dévoilent, au fil des pages, leurs caractères immoraux, corrompus, délétères.
Mais la surprise du dénouement ne viendra pas vraiment de ces êtres malsains. Ce sont les figures nouvelles glissées subrepticement dans le roman de Philippe Doumenc qui donneront la clé de l'énigme.
Je vous donne un indice : cherchez du côté de la "Chasse Hellequin" ...
Même si ce récit est agréable à parcourir, il n'est pas ce que l'on peut appeler un chef-d'œuvre ! Il procure un aimable moment de détente ; ce qui n'est déjà pas si mal !