En écho à l'article sur le Calendrier des Bergers paru dans le deuxième numéro de La Nouvelle Revue des Livres Anciens et à celui que j'avais écrit sur le blog sur Le Messager Boiteux (http://bibliophilie.blogspot.com/2008/01/le-messager-boiteux.html), René vous propose ce soir un article sur l'Almanach des Bergers.
"Dans l'un des plus célèbres romans de Balzac, "Illusions perdues", David Séchard rachète l'imprimerie paternelle à des conditions très défavorables et se retrouve rapidement proche de la ruine. Il recherche en secret un procédé permettant de produire du papier à faible coût. Pendant ce temps, son épouse Eve essaie de lui venir en aide en faisant tant bien que mal tourner l'imprimerie.
L'archétype de ce genre d'almanach est évidemment le Compost et kalendrier des bergers (voir NLRA n° 2).
Imprimée en rouge et noir, et richement illustrée, cette édition populaire contient, outre le calendrier des mois, les dates des fêtes et foires mobiles, des éclipses, une liste des prédictions pour l'année en cours et se termine par l'almanach des bergers avec les douze signes célestes gouvernant le corps humain.Cette petite publication bon marché se retrouvait partout : dans les auberges, les fermes, les châteaux et même chez les Princes. Elle rythmait les saisons et on y trouvait des conseils pour les cultures et les récoltes, les horaires de diligences, des proverbes, etc.
Son succès tenait aussi au fait qu'il relatait des événements remarquables arrivés en Europe et dans le monde. Ces textes qui atteignaient toutes les couches de la population suscitaient la méfiance des gouvernements. Cependant Napoléon avait compris qu'on pouvait l'utiliser comme "outil de communication".
C'est donc en annexe du Mathieu Lansberg qu'on trouvait le fameux Almanach des bergers destiné aux illettrés. Comme le calendrier des mois, il est illustré de petites gravures assez frustes mais qui ne manquent pas de sel.
Qui était Mathieu Lansberg ? Malgré les recherches et hypothèses diverses - un chanoine, un mathématicien, un astronome, etc - on n'est jamais parvenu à identifier ce personnage qui n'a probablement jamais existé et qui fut sans doute une pure création de l'imprimeur.
Au XVIIII siècle, un chroniqueur français se gaussait de l'almanach en disant que Liège n'était connue de la République des Lettres que grâce à Mathieu Lansberg.
Merci René!H