Dessiner par la pensée, sans les mains, sans un crayon entre les doigts, mais en engageant son corps d’une autre manière, dessiner avec son esprit, faire surgir des formes visibles ou rêvées par le seul pouvoir de l’imagination, serait-ce donc possible ?
Mais le plus intéressant (hélas absent de l’exposition), ce sont les dessins de mémoire : je pense à un être cher ou à un paysage de prédilection, je me le représente mentalement au sens propre, mes yeux le revisitent comme s’il était présent devant moi, et l’apparatus me donne ensuite la trace du dessin que j’ai ainsi “vu” (l’ai-je vu ? recréé visuellement ? rêvé ?). Ce travail sur la représentation de la mémoire par ce procédé scientifique (eyedrawing = oculographie ?) est à la fois fascinant et inquiétant. Je ne sais s’il est promis à un grand avenir, mais il fait rêver, tout en amenant à s’interroger sur la nature même de la vision.
Photo courtoisie de l’artiste : Eyedrawing 240″ Autoportrait, 2008. Tirage numérique pigmentaire sur papier photorag Hahnemülhe. Format : 100cm x 130cm. Réalisé au Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Imagerie Cérébrale, LENA, Hôpital de la Salpêtrière, Paris.
NOTE: Dessins réalisés par l’artiste avec un
eye tracker. Le eye tracking (ou suivi du regard) désigne l’étude du regard (fixation, déplacements). On le traduit en français par oculométrie. L’oculométrie regroupe un ensemble de techniques permettant d’enregistrer les mouvements oculaires. L’oculomètre utilisé enregistre et analyse des images de l’oeil capturées par des caméras pour calculer la direction du regard. On obtient ici avec une grande précision des tracés des oscillations et déplacements des yeux et leurs positions constantes.