Censurez cette série que les Chinois ne sauraient voir: c’est le titre donné à l’article du Courrier International dedié à l’arrêt de la diffusion de la série Bicoque en Chine. Je n’en avais pas entendu parler jusqu’alors et c’est bien dommage!
Extraits de l’article en question:
Ce serait à la suite d’une réclamation de promoteurs immobiliers que la diffusion de la série télévisée Bicoque a été suspendue. Le 18 novembre, après avoir diffusé dix épisodes de la série sur une période de cinq jours, la télévision de Pékin a en effet décidé de mettre brutalement un terme à la diffusion de ce programme. [...]
Bicoque est sans conteste l’une des séries les plus controversées de ces dernières années. L’arrêt de sa diffusion n’a fait qu’accroître sa notoriété. Certaines personnes ont passé la série au crible pour tenter d’y retrouver la trace de faits réels, d’autres se sont montrées très sensibles à la façon dont la série expose ouvertement les problèmes de la vie quotidienne et s’intéresse à ceux que l’on appelle désormais les “esclaves du logement” [condamnés à voir une grande partie de leur salaire engloutie par des crédits exorbitants]. Pourtant, à mon avis, il y a peu de chances que la suspension de la série soit liée à la mobilisation des promoteurs immobiliers. Il ne s’agit là que d’une rumeur.
On apprend sur les rapports entre le peuple et les fameux promoteurs immobiliers qui font que les villes chinoises sont des chantiers permanents:
La tendance actuelle veut que nous rejetions le blâme sur les promoteurs immobiliers. Ils forment l’un des groupes les plus diabolisés par la société et chacun prend plaisir à les insulter. Dans les journaux comme à la télévision, les injures à leur égard sont permanentes et il arrive même que, dans la rue, ils soient agressés par des passants, verbalement et physiquement. Croyez-vous vraiment qu’ils puissent être à l’origine de tous les problèmes de logement actuels, responsables des innombrables maux qui frappent aujourd’hui la société chinoise ? De toute évidence, la réponse est non. Si les promoteurs immobiliers étaient si puissants, ils n’auraient pas besoin de faire agir leurs relations, ils seraient confortablement installés derrière leur bureau, en attendant que d’autres s’en chargent.
Le personnage principal de la série clôt l’article en ces termes:
Dès que j’ouvre les yeux apparaît une colonne de chiffres : 6 000 yuans [600 euros] pour le crédit immobilier, 2 500 pour la nourriture et les vêtements, 1 500 pour la crèche de Ranran, 600 d’argent de poche, 580 pour le transport, 250 de portable, et encore 200 pour le gaz et l’électricité… Cela veut dire qu’à la première inspiration je dois rentrer au moins 400 yuans dans la journée. C’est le capital nécessaire à ma vie dans cette ville.
Extrait du (très bon) n° 1000 de Courrier International, par Qiao Zhifeng
Je n’ai malheureusement pas vu la série Bicoque et ne pourrait vous en parler plus. Mais que ce soit par volonté politique ou par lobby des promoteurs, cette censure aura permis de donner un écho à cette série et surtout au triste constat social dont elle est le reflet: Shanghai, comme les villes chinoises en général, appartient de moins en moins à ses habitants historiques… Je vous reparle de ce point dans un prochain article.
Avez-vous vu cette série, en avez-vous entendu parlé? vos avis seront les bienvenus.
Au plaisir de vous lire!