Le livre
L'auteure
Le film
“Last night I dreamt I went to Manderley again…” Voici une histoire trouble de jalousie et de rivalité féminine : Rebecca, de Daphné Du Maurier.
On sous-estime Daphné Du Maurier. Ouais, je dénonce, moi.
Personnellement, j’ai passé de merveilleuses heures à lire L’Auberge de La Jamaïque, La Maison du Rivage, Mad, Ma Cousine Rachel… un peu à la même période où je découvrais Jane Eyre ou Les Hauts de Hurlevent. Même romantisme, c’est sans doute ce qui l’empêche d’être complètement reconnue d’ailleurs, même ambiance intelligemment gothique, même sentiments complexes féminins… D’ailleurs, le grand Alfred lui-même aimait ses oeuvres et y reconnaissait l’art de Du Maurier pour construire du suspense psychologique puisqu’il adapta trois de ses oeuvres : L’Auberge de La Jamaïque, Rebecca, Les Oiseaux.
De tous ses romans, c’est Rebecca mon préféré, parce que l’intrigue est vraiment imparable : une jeune femme pauvre et timide épouse un veuf richissime et mystérieux, et vient habiter avec lui sa demeure, le manoir de Manderley. Elle s’y heurte à la terrible gouvernante Mrs. Danvers, obsédée par la défunte Rebecca, et aux traces indélébiles qu’a laissées l’ancienne épouse dans le manoir. La jeune femme (sans nom- juste un “je”) ne parvient pas à trouver sa place, écrasée par l’ombre de la morte, qui semblait si parfaite. Elle est jalouse d’une morte, et c’est dur de lutter contre une morte, jusqu’à ce que la vérité éclate…
Mention spéciale au personnage de Mrs. Danvers, superbement interprétée chez Hitchcock par Judith Anderson (grande actrice que l’on retrouve par exemple dans Laura de Preminger). Chignon sévère et yeux extatiques, mouvement lents tels ceux d’un automate, elle joue à la perfection la gouvernante vampirisée et dans le culte de Rebecca : elle est tout simplement flippante. Un effet spécial à elle toute seule.