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Darty mon amour

Par Prland

Toute personne connectée avec moi sur Facebook, Twitter, par email, sur gtalk et même dans la vraie vie ne peut totalement ignorer que je fais des travaux chez moi. J’ai donc fatalement tous les problèmes de riche qui vont avec. Tiens là, par exemple, j’essaie de faire entrer une machine à laver dans les nouveaux plans de mon appartement. C’est évidemment une grave erreur, quand on est vraiment moderne, on achète la machine et on construit l’appartement autour. J’ai du mal m’y prendre à un moment. Depuis, je plante des aiguilles dans le logo d’un magasin dont je tairai le nom.

darty-logo

Tout avait si bien commencé. La dame du Darty République m’avait promis que la taille de la machine qu’elle me vendait correspondait très exactement aux dimensions du modèle que j’avais trouvé sur le net, la seule qui semblait entrer dans les contraintes du cagibis prévu à cet effet. Entre chacun de ses sourires vraiment charmants, elle me parlait du remboursement de la différence, de l’extension de garantie 5 ans qui assure une tranquillité optimale en cas de problème. Et elle assurait sur la tête de son amant que la taille lilliputienne du bordel était exactement celle qu’il me fallait (sur le moment, je l’ai bien pris). Je lui aurais bien demandé son petit nom mais ça aurait fait vulgaire donc j’ai payé et je suis parti en me disant que vraiment, acheter sur le net aurait été une belle connerie.

Une livraison de machine plus tard, c’est le drame. Pour un centimètre de largeur. Ca ne rentre pas. Réunion de chantier. Et là, tout s’enchaîne : les ouvriers tente une opération commando pour élargir l’espace jusqu’à pouvoir faire entrer une machine pour grande personne, trouve une astuce de dingue qui me permet de m’offrir le modèle qui lave ET qui sèche.

Je suis confiant, les mots résonnent encore “en cas de problème, il n’y aura pas de problème”.  Rendre la machine pour nain et m’acheter un modèle pyrotechnique va forcément être un détail. On est lundi.

J’appelle consciencieusement “le service après-vente”, le répondeur est super : on lui parle, il réagit, pas de 1, 2 ou 3 à taper, le bonheur. Le monsieur m’écoute 10 secondes avant de m’expliquer que seul le magasin peut gérer mon problème. Je profite donc d’une non pause déjeuner, sandwich dans la main gauche et blackberry dans la main droite pour foncer voir ma copine de la dernière fois, elle-même en pause déjeuner. Le monsieur grisonnant qui m’accueille me laisse à peine 10 secondes avant de m’expliquer qu’il ne peut rien faire, qu’il faut aller au service après-vente du magasin. Demander Franck. Qui n’est pas là mais son intermittent du spectacle est formel : “il faut appeler le service après-vente, c’est à eux de gérer” (sous-entendu “ces connards”). Il est déjà 13h30, mon prochain rendez-vous m’attend.

J’appelle le soir même, le monsieur du call center en Papouasie du sud ou dans le coin me confirme bien que c’est en magasin et “que ça ne l’étonne pas qu’on m’ait répondu ça parce qu’ils détestent gérer en magasin” (sic)(”ces connards” sous-entendu, toujours). En plus, il faut faire vite, dépassé un certain délai après la livraison, il n’y aura plus de solution. Je fixe rendez-vous le lendemain à un client à République avec un battement de 1h30 histoire de bien tout gérer. On est mardi.

Dans le magasin, direction Franck au service-après vente qui m’explique évidemment que je dois appeler le numéro tout ça, bon,  je hurle, il me dirige vers la seule qui peut gérer : Melle Taklit, la responsable du gros électroménager. Elle est en réunion, elle est prévenue, je patiente. Bon 30 minutes plus tard, je hurle, on me dit que ce n’est pas un bon moment et qu’il faut repasser demain. Je pars me saouler au Pepsi Max avec un ami qui joue au pied levé les cellules de soutien psychologique. Mon rendez-vous client a sauté. Je veux mourir.

Ce soir, on est mercredi et je repense à Melle Taklit qui n’était plus là à 18h quand je suis repassé au magasin. Il y a bien Melle Ahmin, responsable du petit électroménager, qui a fait ce qu’elle pouvait pour me soutenir moralement. Elle a tout bien écouté, et entre deux sanglots, j’ai réussi à lui dire que j’étais à bout. Elle a alors commencé à me parler très doucement, faire des copies de “mon dossier”, me noter des trucs partout et m’assurer qu’on m’appellerait demain sur mon portable… pour me dire si le problème était gérable, “parce qu’il ne l’est pas toujours”. (Re-Sic).

Si ceci est mon dernier billet, ce sera sans doute pour cause de réaction violente envers moi-même avec échéance dramatique suite à l’appel de Darty.

Je vous aimais tous beaucoup. (On va bien re-vérifier pour Darty quand même).


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