Voilà sur quels mots se termine cette histoire absolument fabuleuse lue dans le cadre du Book Club de janvier de Livraddict !
Tiendrait-on le premier coup de cœur 2010 ?
L'histoire.
Le jour où Doigt de Poussière débarque dans la vie de Mortimer et Meggie, un papa et sa fille qui vivent paisiblement entourés de leurs livre, celle-ci change radicalement et devient un mauvais rêve.Capricorne et ses hommes sont à la recherche de Mortimer et de Coeur d'Encre, un livre rare dont le tirage a été depuis très longtemps épuisé.Ce livre va les emmener dans une aventure rocambolesque jusqu'au village de Capricorne, un homme dont le coeur est noir comme de l'encre et qui a décidé de semer la désolation et la terreur dans notre monde.Pour se faire, il a besoin de Mo et de son don magique pour que L'Ombre revienne auprès de son maître...
Mon avis.** Risque de spoilers **
Un livre qui parle de livres, d'aventures et de magie, voilà une lecture qui avait a priori tous les éléments pour me plaire et ce fut le cas, et ce depuis les toutes premières pages.
Ce livre est purement et simplement captivant d'un bout à l'autre ! De plus, il parle si merveilleusement de nos livres, de nos petits "bébés" que forcément, on ne peut qu'aimer !
J'ai trouvé l'histoire très originale : Mortimer, alias Langue Magique, qui a le don de pouvoir faire sortir les personnages des livres en lisant à voix haute !
Il en ressort une histoire tellement pleine d'aventures, de rebondissements qu'on ne se lasse pas, malgré les 665 pages qui composent le livre.
J'ai cependant trouvé que parfois l'histoire était quelque peu prévisible notamment à propos de certaines révélations où j'aurais préféré pousser un gros cri de surprise plutôt que voir une intuition se confirmer petit à petit.
Niveau personnages, il y en a un florilège ! Des personnages caricaturaux pour la plupart, en tout cas, ceux issus de Coeur d'Encre et hauts en couleurs.
Chacun apporte une petite émotion particulière, un petit plus : on ne s'ennuie jamais avec eux, peu importe qu'on suive Meggie dans un chapitre puis Doigt de Poussière dans l'autre.
Au contraire, le fait de changer de personnages quasiment à chaque chapitre apporte une dynamique, un certain rythme à la lecture, nous emportant irrémédiablement dans ce monde d'où on ne ressort qu'une fois la dernière page refermée !
Parmi mes préférés, on retrouve l'écrivain Fenoglio car j'aime beaucoup cette façon de regarder les personnages de son roman prendre vie, les considérer comme ses "enfants" et ne pas en avoir peur malgré la menace réelle qu'ils représentent.
Il y a aussi la tante Elinor à laquelle je me suis facilement identifiée pour son côté "ne touchez pas à mes livres" et je ne peux m'empêcher de la citer, car ces mots auraient très bien pu sortir de ma bouche !
Réponse de Elinor quand Meggie lui demande pourquoi il fait si noir chez elle (page 85) :
"Parce que je préfère dépenser mon argent pour des livres que pour de l'électricité dont on peut se passer !"
Malgré son caractère ronchon, on finit par percer la carapace de solitude qu'elle a construite autour d'elle et on comprend qu'elle en souffre. Même si l'arrivée de Mo et de sa fille coïncide avec la destruction de la plupart de ses livres (j'en failli en pleurer en lisant ce passage), elle a retrouvé sa famille et c'est le plus important : être entourée des gens que l'on aime.
L'écriture est très fluide et rapide avec un vocabulaire simple. J'ai beaucoup aimé les petites citations en début de chapitre, tirées d'autres livres, qui introduisaient parfaitement le contenu du chapitre. De plus, ceux-ci sont assez courts, permettent ainsi un rythme de lecture rapide mais qui peut être suspendu à tout moment, un livre idéal à lire dans les transports en commun.
De plus, l'auteur parle bien des livres. Elle a agrémenté la lecture de petits passages savoureux que tout amoureux des livres appréciera.
Quelques exemples :
- "Ce qu'il y a de bien avec les livres, c'est qu'on peut les refermer quand on veut. "(page 189)
- "Tu sais, c'est bizarre avec les écrivains. La plupart des gens ne peuvent s'imaginer que des livres sont écrits par des gens qui sont comme eux. On suppose que les écrivains sont morts depuis longtemps mais sûrement pas qu'on pourrait les rencontrer dans la rue ou dans les magasins. On connaît leurs histoires mais on ne sait rien de leurs noms ni même quelle tête ils ont. Et la plupart des écrivains aiment ça" (page 292)
- Le monde était terrible, cruel, impitoyable, sombre comme un mauvais rêve. Ce n'est pas un endroit pour vivre. Les livres étaient le seul endroit où existaient la pitié, le réconfort, le bonheur... et l'amour. Les livres aimaient quiconque les ouvrait, ils donnaient un sentiment d'intimité et d'amitié sans rien attendre en échange, ils ne s'en allaient pas, jamais, même si on les traitait mal. Amour, vérité, beauté, sagesse et réconfort face à la mort. Qui avait écrit cela ? Un de ces amoureux des mots, elle ne pouvait se souvenir de son nom, mais elle se souvenait des mots. Les mots sont immortels... sauf quand quelqu'un vient les brûler. Et même..." (page 538)
- "Pourquoi les histoires tristes étaient-elles les plus belles ? Dans la vraie vie, ce n'est pas pareil" (page 531)
Bref, vous l'au
Note finale : 9.2/10
- Histoire : 8.9/10 (histoire très originale mais quelque peu prévisible par moment)
- Personnages : 9.5/10 (Personnages hauts en couleur, auquel chacun pourra s'identifier et s'attacher. Les personnages du livre sont très caricaturaux, ce qui renforce leur nature de personnage issu d'un livre )
- Écriture : 9.2/10 (une plume simple et efficace, agrémentée de belles citations.)
Je pense que la suite de Coeur d'Encre, Sang d'Encre puis Mort d'Encre (sortie chez Gallimard en janvier 2010) vont vite rejoindre ma PAL !
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Je n'en retiendrai finalement pas grand chose, mis à part une grande déception.
Encore une fois, l'histoire a subi des modifications conséquentes pour correspondre au happy ending américain où tout finit absolument bien sans le moindre accroc, alors que ce n'est pas vraiment le cas dans le livre. Difficile d'expliquer cette idée sans donner un exemple concret. Je prendrai celui de Doigt de Poussière qui veut absolument retourner dans le livre. Dans le livre, il cherche toujours un moyen... Dans le film, on lui accorde ce vœu !
Les effets spéciaux sont ceci dit bien réalisés dans l'ensemble et si on n'a pas lu le livre avant, je pense qu'on peut effectivement passer un bon moment.
Malheureusement, je l'ai lu et donc ce ne fut pas le cas.
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Coeur d'encre de Cornelia Funke (VO : Tintenherz)
Sorti chez Hachette, 2004 pour la VF
Puis chez Gallimard jeunesse (2009) et en édition poche le 21.01.2010
Dans la version Hachette : 665 pages