JOURNAL DE
CUISINE EN QUATRE PARTIES
Eau
Quand le souvenir
Tombe du robinet
Avec des « plocs ! »
Tombe en longueur
Tombe en pureté
Tombe avec goût et odeurs
Les mains de l’eau agrippent la tienne
Les mains de l’eau caressent les accessoires de la toilette
T’aident à oublier le lointain
Four
Le feu flambe dans un bruit sec
Le feu disparaît dans un bruit sec
Les distraits ne le voient pas
Mais le feu Est présent depuis toujours
Comme l’amour qui n’arrête ni la naissance, ni la mort
Panier à légumes
Toi le chou blanc
Grosse fille vêtue d’une jupe verte
Lève-toi, le couteau de l’amour t’attend.
Pomme de terre, poisson à écailles,
Te voilà prise dans le sol noir, comme le poisson dans l’étang,
Les creux et reliefs de son corps
Sont-ils une armure contre la nostalgie ou les blessures de la séparation ?
Tofu fragile
Tu es une moelle que le feu ne fait pas fondre
Un nuage que l’eau ne traverse pas
Quand j’y repense
Nous nous ressemblons assez, tous les deux.
Un navet bien droit
Des cacahuètes jumelles qui se réjouissent de dormir dans le noir
Bougez donc un peu, voisins
J’ai envie moi aussi d’entrer dans ce salon à ciel ouvert
Mais Nous mourrons tôt ou tard
Un grand couteau de boucher est brandi dans mon dos
Découpe des légumes
J’aime le couteau affûté
Mais j’ai peur du massacre
J’aime les lits confortables
Aussi ralentis un peu pendant la découpe
Je suis habitué aux retrouvailles et à la séparation
Aussi meule-moi bien finement.
Pékin, le 24 avril
• • •
La nuit
La nuit est tombée à l’heure Cette
carriole noire
N’est encore jamais arrivée en avance, ni partie en retard
A n’en pas douter elle contientQuelques
armes aiguiséesQuelques obstinés
Des bouches encore sanguinolentes Moi, je n’y ai vu que du noir
Si autrui me regarde Je suis
moi-même une tache noire
Qui dégouline à son rythme, dans les ténèbres
Le long d’un rideau rougeUne petite,
petite tache noire.
• • •
Union
Le couteau scintillantS’est infiltré
Entre les côtes
Là où la chair est fine
Sous les aisselles
Il est logé à la frontière de mon cœur et d’un poil
La clé silencieuse a tourné et retourné
Elle a fourragé dans le ventre du cadenas
Mangé par la rouille
Nu
De longues années durant
Ton corps
Chante Dans l’obscuritéPlus rapide encore qu’un destrier lancé dans sa courseAu centre des dures empreintes de sabotIl brosse les feuilles Le
plaisir Mes épaules
Le 13 juin 2009
Jangbu (Chenaktsang Dorje Tsering), trois poèmes traduits du tibétain par
Françoise Robin, revue Neige d’août n°18
(automne 2009)
Contribution d’Ariane Dreyfus
bio-bibliographie de Jangbu
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