Dans la pièce du fond, W.C. Morrow

On en apprend tous les jours, non ? Eh ben l'occasion de découvrir un auteur, c'est toujours cela de pris pour se coucher un peu moins idiot – et accessoirement, briller un peu plus en société. Pour ce faire, prenez un auteur de nouvelles toutes plus ou moins orientées dans le domaine horreur, suspens, né quelques années à peine après la mort d'Edgar Poe, et qui sera contemporain d'un Lovecraft. Déjà, vous avez en main de quoi parvenir à quelques effets.
Parce qu'en somme, les nouvelles recueillies dans le présent ouvrage ont une grande valeur, peut-être, mais surtout d'un point de vue historique, puisqu'elle s'ancre clairement dans un contexte littéraire propice à ces petites choses mystérieuses et troublantes. Rien à voir avec un Horla, par exemple, on se rapprocherait avec ces textes de Gaboriau ou de Vidocq, dont Morrow revendiquait les références. On y retrouve des notes de Poe, évidemment.
Il est aussi amusant de se rendre compte que justement proche de Lovecraft, il aura opté pour une littérature qui ne franchit pas le pas des mystères et des dieux, de la folie ou de la mort. L'humour a gardé sa place, et l'automate hanté, le premier des récits l'illustre bien. Mort quatorze ans avant Lovecraft, Morrow n'aura manifestement pas eu besoin d'extérioriser ses angoisses profondes comme le romancier d'horreur le fit.
J'ignore si c'est à la traduction de Jean-Baptiste Dupin que l'on doit une ambiance définitivement scellée dans une fin de XIXe siècle. Personnellement, ça ne m'a pas enchanté : si le choix des mots permet définitivement d'asseoir un texte dans une époque, peut-être aurait-il été judicieux de donner aux nouvelles de Morrow une légère modernité, qui les aurait rendues plus légères. Parce que de leur côté, les histoires ne cassent pas non plus trois pattes à un canard. C'est distrayant, et assez original, mais ça manque de légèreté.

À découvrir, surtout (et dans le cas contraire, inutile de se forcer) pour l'anecdote littéraire que représente la vie de Morrow, disponible dans la préface du traducteur (avec en supplément la première nouvelle).
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