« Loin, dans les bois, j’ai coupé une branche noire,
assoiffé j’ai porté son murmure à mes lèvres:
était-ce donc la voix de la pluie qui pleurait,
une cloche brisée ou un coeur mis en pièces?
Quelque chose qui de si loin m’est apparu,
enfoui dans sa lourdeur, recouvert par la terre,
ce sont cris assourdis par d’immenses automnes,
par la nuit entrouverte, humide des feuillages.
Alors, se réveillant du rêve végétal,
la branche du coudrier a chanté sous ma bouche
et son errante odeur grimpa dans mon esprit
comme si tout d’un coup me cherchaient les racines
abandonnées, la terre perdue, mon enfance.
et je restai, blessé du parfum vagabond. »
Pablo Neruda – La Centaine d’amour