L'année dernière, c'était la BBC qui avait mis le pied à l'étrier en inaugurant ses propres programmes en farsi. Succès garanti : depuis le début de la contestation post-électorale, la télévision britannique en langue persane est devenue une véritable lucarne sur les événements qui secouent le pays. De quoi faire de l'ombre à VOA farsi, une des pionnières en la matière et dont les programmes sont diffusés depuis les Etats-Unis...
De quoi, surtout, faire grincer certaines dents en Iran, où les chaînes satellitaires sont officiellement interdites, et où leur diffusion clandestine fait dégringoler l'audience de la télévision nationale.
Officiellement annoncé hier, le lancement d'Euronews en persan n'a pas encore provoqué de réactions à Téhéran. « Nous ne sommes pas une chaîne politique. Nous sommes une chaîne d'information, nuancée, équilibrée », insiste Philippe Cayla, tout en mettant l'accent, par ailleurs, sur le respect de la liberté d'expression. « Les futures recrues bénéficieront du droit français qui garantit l'indépendance des journalistes », précise-t-il.
Côté iranien, il sera difficile de fermer les yeux. Concurrence oblige, le petit écran iranien commence, déjà, à miser sur la multiplication de ses chaînes satellitaires et s'efforce de diversifier ses programmes. Après le lancement, en 2007, de Press TV, une chaîne d'information tout en anglais, Téhéran vient d'inaugurer Sahar 2, en trois langues : anglais, ourdou, et kurde. Sans compter ses différentes chaînes en langue arabe, comme Al Alam qui ciblent, elles, les spectateurs arabophones du Moyen-Orient.
Voilà, également, quelques semaines que la troisième chaîne nationale s'est lancée dans de nouveaux débats offrant la place à des critiques inédites contre la gestion gouvernementale de la répression. Interviewé par l'agence de presse Mehr, le député iranien Mostafa Kavakebian affirme, confiant : « Un aspect important de ces débats télévisés, c'est qu'ils vont nuire à des chaînes satellitaires en langue persane comme la BBC ou la Voice of America ».
Autre outil de nuisance, sans doute plus efficace : le brouillage des émissions, qui affecte de plus en plus les chaînes étrangères. La guerre des ondes est déclarée...