Un récif me menace cependant avant d’arriver à bon port. C’est cinq minutes avant d’arriver à terme que l’entreprise court à nouveau les plus grands risques de n’être pas achevée. Pourquoi ?
Tout se passe comme si l’idée relâchait sa poussée trop tôt, juste avant l’achèvement. Autrement dit, une fois le but en vue, on se tiendrait ce langage : « Voilà. Nous y sommes. Inutile de forcer davantage. » Et, très souvent, celle ou celui qui n’y prend garde se démobilise. Tout se passe comme si la pensée que l’action va être terminée, l’œuvre achevée, lui enlevait l’enthousiasme !
C’est absurde, paradoxal, mais très vrai. C’est souvent tout près du succès que se tapit le découragement, le vrai, le plus implacable. Ce découragement menace de surgir alors
qu’il ne reste presque rien à faire et alors même qu’on sait qu’il ne reste presque rien à faire. On croyait y être, et voilà soudain que l’enthousiasme se meurt. Voilà soudain que l’on se met à douter de soi, que l’on ne voit plus que les mauvais côtés de l’action entreprise. On abandonne par découragement. Ou, au contraire, voilà que l’œuvre, presque finie, donne satisfaction à l’amour-propre. On se décerne un satisfecit. On est content d’être arrivé jusque-là. La pression se relâche. On trouve que c’est suffisant ainsi. Et l’on se dispense du supplément d’effort qui garantirait le succès. On s’abstient de faire le « quelque chose de plus que les autres » qui permettrait d’aborder la compétition sans risques.
En résumé, c’est quand le but est en vue, quand on a presque achevé qu’il faut savoir prendre un nouveau départ. « Il m’assure un parfait achèvement », voilà ce qu’il faut se dire quand ce moment crucial est arrivé.