INTERNET – Le ton monte en Italie, alors que le décret Romani doit entrer en application à la fin du mois…
L’Italie a son Hadopi. Traduction: un projet de loi touchant Internet, poussé par le gouvernement, et qui dresse à peu près tout le monde contre lui. Ici, ce n’est pas le téléchargement qui est concerné mais la mise en ligne de vidéos.
Selon le décret «Romani» (du nom du ministre délégué aux Communications) qui doit entrer en vigueur le 27 janvier à moins d’être retoqué par le conseil d’Etat, il sera désormais nécessaire d’obtenir une licence du ministère afin de diffuser et distribuer des vidéos sur le net. De nombreux acteurs seraient concernés, de YouTube à tous les sites de journaux et autres blogs diffusant des vidéos.
«L’Italie va rejoindre le club des censeurs»
Officiellement, il ne s’agit que d’appliquer une directive européenne, affirme le gouvernement italien et de soumettre les vidéos sur Internet au même régime que celles diffusées par les télévisions. Problème, l’Italie serait le seul pays européen à mettre en place de telles règles. Dans la péninsule, le climat est déjà tendu depuis novembre dernier: un procureur avait réclamé des peines de prison contre quatre cadres de Google pour avoir trop tardé à retirer une vidéo douteuse.
«L’Italie va rejoindre le club des censeurs, avec la Chine, l’Iran et la Corée du Nord», tacle l’opposition par la voix de Paolo Gentiloni. Les fournisseurs d’accès à Internet –qui seront tenus de retirer tout contenu qui violerait des droits d’auteur sous peine d’une amende de 150.000 euros– protestent vivement. «C’est comme si on demandait aux sociétés d’autoroute d’être responsables du comportement des conducteurs», estime le président de l’association des FAI Dario Denni.
Le conflit d’intérêt de Berlusconi
Mais les opposants au décret sont surtout remontés contre Silvio Berlusconi, Premier ministre et actionnaire principal de Mediaset, le groupe audiovisuel privé n°1 en Italie. Mediaset a notamment poursuivi Google, réclamant 500 millions d’euros pour des infractions répétées au copyright sur YouTube. Certains voient donc dans le décret une tentative de Silvio Berlusconi pour tuer dans l’œuf la compétition des web-TV.
Philippe Berry