« Untitled » c’est pour moi le dernier morceau de l’album Desintegration de The Cure, un son ouaté et brut à la fois. « Untitled », « sans nom », car sans voix… d’admiration pour le travail de la Maison Martin Margiela. « Untitled », une page blanche, à détourner. Le détournement, un des principes majeurs de la Maison Martin Margiela. « Untitled », un nom simple et compliqué à la fois; en art appliqué on dit souvent que le plus difficile à atteindre est la simplicité. Dans les arts graphiques par exemple, on apprend à « travailler les blancs » (c’est-à-dire équilibrer le rapport entre le texte et l’espace vierge de la page), en design de mode on essaie d’atteindre cet adage: « le luxe c’est la simplicité ». « Untitled », car c’est un work in progress, un travail en cours, plus artisanal qu’artiste. « Untitled », un nom qui sied à merveille au premier parfum de MMM, créateur qui manie avec tant de brio le mystère depuis plus de 20 ans.
Mais essayons de na pas nous laisser emporter par toutes ces rigueurs. Rigueur du nom d’abord, puis la ligne stricte du flacon inspiré des fioles d’apothicaire d’autrefois, dessinée par Fabien Baron, ou encore par la typographie « courrier », brute, des anciennes machines à écrire Olivetti. Mais aussi la rigueur du lieu, ancienne école de dessin industriel, où MMM à installé ses ateliers, radicalité du blanc omniprésent, uniformité de la blouse des employés. Tout ceci vous pousse à la discrétion, voire au recueillement.
Une fragrance singulière
On s’attend à quoi lorsque l’on est convié à découvrir la nouvelle création olfactive de la Maison Martin Margiela ? A un parfum neutre ? Conceptuel ? À ma grande surprise, rien de tout cela, rien de distant (voire hermétique) au sens où je l’imaginais. Je découvre un parfum qui, au contraire, « éclate » au début avec une véritable « tête lumineuse », qui exulte en note de tête, en fragrances vertes (galbanum, vert de buis). Puis, vient une note de cœur en fragrance jasminée et fleur d’oranger (qui apporte de la rondeur). Pour finir une note de fond très surprenante, musquée, voire sensuelle et obsédante (cèdre, encens résinoïde).
Untitled est une fragrance singulière, car elle exhale des vapeurs auxquelles je ne m’attendais pas de la part de cette maison. Une fragrance addictive aussi, dont le sillage, j’en suis sûr, ne laissera pas indifférent. Une fragrance pour une femme Margiela, mais qui siéra aussi à certains hommes (personnellement je l’ai adopté le jour même).
Tout y est, le parfum se définit comme un produit de laboratoire, sans référence…
… et sans égérie (moi j’adore !) – photo du shooting –
A découvrir en exclusivité dès le 25 janvier chez Colette, puis dans les boutiques Margiela, au Printemps et chez Sephora à partir d’avril.