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Je suis dans le train

Publié le 08 novembre 2007 par Thomas Bertrand

Je suis dans le train. Cette semaine, c'est la troisième fois sur quatre aller-retour entre le boulot et chez moi, que mon train s'arrête ou est en retard. Les causes sont dites avec pudeur. Accident corporel, accident humain. Bref, quelqu'un est passé sous le train.
Je suis dans le train qui est arrêté depuis 10 minutes et la mauvaise nouvelle vient de tomber. Les banquettes dans les espaces devant les portes peuvent être rabaissées. Normalement, à cette heure de pointe, elles ne peuvent l'être. Aïe, on va passer un peu de temps dans ce train.

il y a un silence de mort dans le wagon. Il est 20 heures 20, entre Osaka et Kyoto et cette semaine, pour le 3e fois, je suis dans le mauvais train. Au loin, on entend une sirène. Le chauffeur nous répète la même chose, pour la 4e fois: Il y a eu un accident devant le train qui circulait devant nous, désolé pour ce désagrément, je vous informerai dès qu'il y a du nouveau.
Il n'y a rien de neuf, mais il nous le dit trois fois.

Ah, il y a du nouveau. La police et les pompiers sont là. On nous dit à quelle heure l'accident est arrivé, à quelle heure les secours sont arrivés. La belle affaire. Et on nous dit que cela va prendre encore du temps. Ce genre d'information qui nous informe en rien sur ce que l'on aimerait savoir, il faut les dire pour faire face, pour montrer que la machine s'emballe après un imprévu. Il faut tout prévoir et les suicides sont prévus, mais à une heure de pointe...

Encore un suicide. Les services de nettoyage sont ils là ? La presse est-elle prévenue ? Non, un fait divers qui ne mérite pas beaucoup d'attention. La routine, pas de quoi se demander si la société tourne mal. Quand un individu se tue, on doit vivre avec.

Nouvelle annonce. Ce train est arrêté, veuillez attendre dans le train, désolé pour ce désagrément.
T'inquiète mon gars, on ne peut pas ouvrir les portes. Et on n'ouvrira pas les portes au milieu de cette campagne.
Même pas de free spot ici pour capter le net. Il faut attendre le nettoyage,  le ramassage.
20 heures 35. On ne bouge toujours pas et on y peut rien. Personne ne va se mettre en colère, personne ne dira rien, on sait ce qui se passe.

20 heures 40, nouvelle annonce. Cela va prendre un peu plus de temps, ce que l'on n'avait pas prévu.
La nouvelle annonce, la 6e ou la 7e nous donne les informations identiques aux précédentes. Les secours sont là, le quai de la gare devant sont occupés, on ne peut pas avancer, cela va prendre du temps, veuillez attendre dans le train.
Aucun nouveau passager n'est monté dans le train. Mais toujours ce besoin d'informer toutes les 4 minutes. A croire que la mémoire des passagers est équivalente à celle des vaches. Je dis parce que petit, je regardais le fermier voisin appeler ses vaches. Elles descendaient du champ puis s'arrêtaient, broutaient de l'herbe, ayant oublié le pourquoi de leur descente du champ. Le fermier devait bien crier 4 ou 5 fois pour qu'elle rentre à l'étable.

Dans le train, c'est pareil. Le chauffeur, c'est le gars en uniforme qui doit crier, informer, rassurer les centaines de gens qui sont dans le train. C'est le gars en uniforme qui à la parole qui permet à chacun de savoir où il en est dans cette journée comme une autre, train, boulot, dodo. Chacun peut ensuite transmettre l'info par mail via son téléphone portable.

Mais il y a un gars qui a dit «basta» à cette société et qui bloque toute cette merveilleuse organisation qu'est le train nippon.  Beau symbole.
Mais il est 20 heures 55 est le chauffeur nous ressort la même rengaine. Est-ce un chauffeur ou une machine ?

Nouvelles sirènes au loin. Mais qu'est-ce qui se passe là bas ? A quelle heure je vais dîner ?
Arrivée à 21 heures 45.


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