Il s'agit donc d'un roman d’anticipation se situant sur Cerclon, un astéroïde de Saturne en 2084. Sur Cerclon, la population se complaît dans un contrôle Etatique total, sous des airs de social-démocratie. On sent que la lecture de George Orwell a inspiré l'auteur qui tient cependant cette référence à distance raisonnable. On sent dans ce roman de science fiction politique l'influence des textes de Michel Foucault et de Gilles Deleuze. La Zone du dehors est une diatribe politique, avec un forte valeur didactique (est-ce là un défaut de premier roman, écrit avec fougue et fort documenté, ou ne devrions-nous pas plutôt nous réjouir devant une denrée rare : un récit de science-fiction aux vapeurs d'essai). Nous assistons même à un cours de philosophie, mené par Capt le personnage principal du roman. Ce dernier est membre de La Volte (aucun lien ?), un groupuscule (ré)volutionnaire veut frapper les esprits grâce à des opérations chocs qui visent avant tout la prise de conscience et l'éveil des masses... La conquête du Dehors (au propre comme au figuré). Leur combat ? « S'il faut se battre c'est contre ça : contre la coalition des pouvoirs qui dévitalisent le corps et qui de toute évidence se servent de cette dévitalisation, […] pour nous maintenir dans des existences où sécurité, simplicité, facilité et constance forment les pratiques cardinales de la décadence des instincts. »
Un premier roman certes, mais d'une telle puissance suggestive, d'une énorme générosité didactique (insupportable sans doute, si l'on n'aime pas être pris par la main ainsi par l'auteur), le développement de ce monde des extrêmes est remarquable (malgré ses aspects démonstratifs qui peuvent déranger mais auxquels on s'habitue) : ultra-policé mais en définitive... Nullement policé ! Dans lequel votre ami, votre voisin est un flic potentiel. Un contrôle sans visage, car seuls les yeux suffisent.
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