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Les paradoxes du travail

Publié le 19 janvier 2010 par Laurence Roux-Fouillet

mardi 19 janvier 2010

Les paradoxes du travail

chaplin

Depuis quelques mois, on a dévidé tous les poncifs sur la "souffrance au travail" qui, puisqu'elle est devenue un thème de réflexion, paraît donc réglée.
Les entreprises mettent en place des observatoires du stress, et on traitera ce dossier comme on l'a fait pour la démarche qualité ou le passage à l'euro : en faisant appel à des experts et en édictant des règles pour le bon fonctionnement de tous.
Vive la "gestion du stress" !
Je suis un peu dérangée que l'on accole systématiquement souffrance avec travail. On a l'impression qu'aujourd'hui (la fameuse antienne "c'était mieux avant") le travail ne peut être QUE générateur de souffrance si l'on n'y fait pas attention.
Je n'adhère pas à cette caricature. Car je sais combien l'activité - qu'elle soit rémunérée ou non - est utile à l'homme (oserais-je le dire, avec un grand "H"?). C'est par son travail, sa créativité, son inventivité que l'homme a modelé son univers pour s'y faire une place. Depuis la roue (le feu !) jusqu'à internet, il tire épanouissement, satisfaction, socialisation et évolution de son activité. On sait maintenant qu'il y a un équilibre à trouver pour respecter cet environnement que notre productivité tend à dominer. Ca aussi, ça demandera un travail...
Je suis confrontée à deux types de population : des salariés qui, effectivement, vivent un stress au travail. Rachat, fusion, réorganisation... ont modifié leur environnement, et ils apprennent à s'y adapter positivement. Avec eux, je retravaille la gestion de la distance, la motivation, la relation à l'autre, en préservant ces outils indispensables à un bon équilibre : le moral et le sommeil.
D'autres viennent parce qu'ils n'ont pas de travail. Ceux-ci ont perdu confiance en eux, s'estiment "sur le bord de la route" et veulent du travail à tout prix, même s'il faut souffrir pour ça. Ils savent que ne pas avoir de travail a des conséquences plus douloureuses encore.
Face aux seconds, les premiers n'osent pas étaler leurs difficultés. Ils ont honte d'avoir un travail dont ils se plaignent, quand d'autres en recherchent désespérément.
Les deux attitudes sont infiniment respectables, et gérables.
Le travail nous "occupe", dans tous les sens du terme.


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