J'ai bien retenu la leçon de Gérard Vives : il ne faut pas employer le mot carpaccio a mauvais escient. Etant donné que la couleur du plat a été inspirée par les tons rouges des tableaux du peintre Carpaccio, on ne doit l'appliquer que pour des assiettes ROUGES !
Aussi ai-je décidé d'appeler ce "carpaccio blanc" un Malevitch. Je n'ai bien sûr que des lecteurs cultivés qui connaissent leur histoire de l'art sur le bout des doigts, mais au cas où un inculte serait arrivé ici par erreur, Kasimir Malevitch est un peintre russe du siècle dernier, fondateur du suprématisme. En 1918, il peint la première toile monochrome de l'histoire de la peinture : un carré blanc sur fond blanc.
(exposé au MoMA de New York)
Le suprématisme n'autorise que le blanc, le noir et les couleurs primaires sous des formes géométriques. Mon assiette est carrée et blanche. Mes rondelles sont rondes et blanches (avec comme Malevitch, deux nuances de blanc différentes). J'ai donc fait une assiette suprématiste.
Après la minute culturelle, voici la suprême recette :
Au départ, le radis noir était franchement "hot". Pas vraiment dans le sens "sexy", même s'il était noir et long. Plutôt "arrache la gueule".
Je l'ai donc fait dégorger après l'avoir émincé à la mandoline. Je ne l'ai pas noyé dans le gros sel. Plutôt saupoudré de sel fin. J'ai ensuite bien réparti celui-ci en brassant le tout. Puis patienté 30 mn. J'ai ensuite rincé et séché les rondelles. Puis passé au pinceau à l'huile de noisette (grillée of course).
Eh bien, vous me croirez ou pas, le côté brûlant avait totalement disparu. Le radis était devenu doux presque sucré, et croquant et frais en bouche. Je me suis vraiment régalé !
Posté par EricB