La foultitude d'experts français concernant les dynamiques 2.0 a tendance à occulter les usages des centaines de millions d'internautes de l'Empire du Milieu. Mindy Zhangnous livre donc ici un brillant aperçu du marché chinois, qui nous permet d'une part de relativiser quelques points trop souvent tenus pour acquis dans les discours autour du web 2.0, mais aussi et surtout de comprendre un marché qui peut représenter à terme une extraordinaire source de revenus pour les marques ayant la prétention de se développer à l'international, et donc de fidéliser cet important segment du marché-monde que représentent les consommateurs/internautes Chinois.La Chine, c'est 340 millions d'internautes (wow!) et surtout un taux de pénétration d'internet de seulement 25% de la population (re-wow!). On imagine donc bien le potentiel du marché, là où, par exemple, celui des USA paraît désormais limité en terme de développement du nombre d'usagers, le taux de pénétration au pays de l'oncle Sam atteignant 75%.Premier enseignement de l'étude : les acteurs occidentaux sont à la traine, si ce n'est quasi-inexistants.On nous parle à longueur de blogs de la toute-puissance de Google. C'est un fait, mais qui doit être relativisé. La volonté de monopole du géant américain est bien là, et l'entreprise à compris l'importance stratégique du marché chinois, en témoigne son offensive début 2009 sur le segment de la musique gratuiteMais Google apparaît clairement devancé par le moteur de recherche chinois Baidu, qui détient 70% de part de marché en son pays. Soit, à terme, une part énorme de l'ensemble des internautes de la planète.Les leaders américains du marché occidental ne sont pas non plus en position de force en Chine, tous dominés par des acteurs locaux : Taobao a forcé Ebay à abandonner le marché chinois de la vente en ligne, Facebook, Twitter et Youtube sont tous les 3 devançés par des boites chinoises (sina.com.cn, youku.com...).Par ailleurs, concernant l'accès au réseau, on constate que les connexions au web se font pour une grande part via le mobile (46%!), dans des proportions beaucoup plus importantes qu'ici en France par exemple (8,3 % des quelques 55 millions des possesseurs français d'un forfait mobile surfent sur Internet à partir de leur mobile, selon une étude réalisée par l'institut GfK).Il est donc intéressant d'observer que les Chinois ont tout de suite su adopter le dispositif mobile, quand en France on s'est émerveillé seulement en 2009 des potentialités de ce device et des nouveaux usages qu'il permet, la faute aux vieilles habitudes (!) prises avec le PC.En outre, du côté des usages, ce qui est surtout frappant, c'est la place des forums de discussions quand il s'agit d'aller se renseigner sur une marque pour un consommateur chinois. Ils dépassent largement les blogs et réseaux sociaux, plutôt utilisés pour s'exposer et (surtout) se divertir, la première occupation des Chinois sur le web étant le jeu en ligne (avant l'information ou la communication).
Pourrait-on expliquer cette utilisation des forums par la possibilité d'une prise de parole anonyme et donc, à l'abri des réprimandes gouvernementales ? L'on constate en tout cas à la fin de l'étude que les internautes chinois sont plus actifs et contribuent davantage que leurs homologues américains, et ceci peut s'expliquer assez facilement au vu de la liberté d'expression offerte dans chaque pays.
Le marché chinois est donc à la fois déjà très mature et en constante expansion, et il serait inapproprié d'occulter ses avancées et les grandes tendances le concernant. Suivons donc son évolution de près, en commençant par écouter attentivement sur Twitter l'étudiante et auteur de la présentation Mindy Zhang ou encore Elliott Ng et Dan Wei experts chinois des nouveaux médias.
Le 07 janvier 2010