Qu’ai-je donc attendu depuis toutes ces années ? Je songe à tous ces moments de pure virilité dont je me suis privé : démarrer en trombe, démarrer en côte, se garer….. Que d’années perdues à pédaler en rond, persuadé que le vélo était le roi des moyens de locomotion !
Une fois dissipée l’euphorie d’avoir été admis dans la grande tribu dans rois de la route, il faut néanmoins se rendre à l’évidence : piloter une automobile est une affaire sérieuse, qui sollicite tous les organes du corps et épuise le cerveau. Du moins, si ça n’était pas encore le cas, ça risque fort de le devenir.
Découvert dans Lille Métropole Info à la rubrique « circulation » :
« Lille Métropole met en place un nouveau type de voie sur son territoire : la zone de rencontre. Son principe : une rue ou un ensemble de rues sont ouverts à la circulation de tous les usagers. Ceci en respectant trois règles : priorité aux piétons, limitation de la vitesse à 20 km/h et stationnement uniquement autorisé sur des emplacements aménagés. Au sein de cette zone, la distinction entre trottoir et chaussée est très peu marquée. Ainsi, le conducteur n’a pas l’impression d’emprunter une voie qui lui est réservée, mais au contraire de circuler sur un espace à partager. (…). Tout le monde y gagne en sécurité et en convivialité ».
Bien que jeune conducteur, j’ai déjà éprouvé cette sensation désagréable d’emprunter une voie qui m’est réservée. C’était encore le cas avant hier, et je me revois, m’adressant à moi-même dans le reflet du rétroviseur intérieur : « Quel conformisme, bordel, de rouler toujours à droite et dans sa voie ! Sois toi-même pour une fois, roule dans la voie de bus, gare-toi sur une piste cyclable, affirme-toi ! ».
Heureusement, il y a donc au sein des services communautaires des élus et des techniciens qui ne ménagent pas leur peine pour rendre la vie des automobilistes plus funky. À mort la chienlit au volant, vive les zones de rencontres ! De toute façon, ça ne pouvait plus durer : au début, il n’y avait que la route, une et indivisible comme la France des cours d’Histoire Géo. Puis le lobby des piétons a réclamé l’instauration du trottoir, le lobby du vélo a voulu sa piste cyclable, les livreurs leurs zones de livraison, les handicapés leurs places king size… jusqu’au lobby des cons qui croient que les chiens déchiffrent les pictogrammes indiquant le caniveau où ils peuvent se soulager. Il était grand temps de faire marche arrière, pour enfin faire de la route un espace démocratique et fraternel, « convivial » comme le dit le journaliste de la Communauté Urbaine de Lille. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais également implanté quelques arbres dans ces « zones de rencontre ». Mais je devine combien la question est politique.