Chats persans : l'underground iranien persé à jour

Publié le 18 janvier 2010 par Albumsono

 Les chats persans - BO (J'AIME : Passionnément)

* Qui ? Chat bouge en Iran. S'appuyant sur de vrais groupes, la fiction "Les chats persans" dresse un réjouissant panorama de la scène pop underground de Teheran et ses alentours. La BO reprend onze titres entendus dans le film, dont ceux du duo star Take It Easy Hospital.

* Genre ? Pop orientale

* MySpace du groupe : Take It Easy Hospital

Take It Easy Hospital - Human Jungle

* Alors cet album ?

La pop, c'est tout un monde. Il suffit d'écouter la BO des "Chats persans", le film de Bahman Ghobadi, pour en réaliser l'ampleur. Sous les régime très conservateur présidé par Ahmadinejad, des Iraniens rêvent d'aller écouter Sigur Ros en Island et jouent une musique accrocheuse et entraînante, chantée en anglais, comme pourraient le faire des jeunes du même âge chez nous. Dans son film, Bahman Ghobadi défend ainsi une vision très large de la pop. La BO s'ouvre d'ailleurs sur le rageur et mélancolique "Ekhtelaf" d'Hichkas. Un titre rap, accompagné d'une mélodie au piano, qui dénonce la pauvreté d'une partie de la population de Téhéran et les maux qui vont avec. On sent ainsi dans une bonne partie des onze titres retenus une certaine mélancolie, témoignage privilégié du malaise d'une société.

"Out there it is a jungle / Together or alone", clame LE tube de la BO, à savoir "Human Jungle" des Take It Easy Hospital. Le groupe phare du film, sans aucun doute le plus pop d'entre tous, place cinq titres sur le disque. L'occasion de révéler au monde toute la palette que ces jeunes Iraniens ont à leur disposition, de l'orientalisant "Me and You" à la ballade romantique minimaliste "My Sleepy Fall" en passant par l'acoustique "Chasing The Sun" que n'aurait pas renié Noel Gallagher dans les années 1990 ou le tendre instrumental "They Sing". Quant à "Human Jungle", c'est une comptine pop pleine d'urgence portée par une entraînante mélodie jouée au synthé. Un morceau d'une efficacité redoutable qu'on ne quitte plus depuis quelques jours.

Le reste du disque prend plus directement ses racines dans un univers musical oriental. Chanté en perse, "Emshab" de Mirza s'apparente à une sorte de blues interprété avec une déchirante voix profonde et cassée. Les guitares ont ainsi le beau rôle, acoustiques sur "Opening Title" de Shervin Najafian, électriques sur "Fekr" d'Hamed Seyed Javadi, et son solo  très inspiré. Proche d'un chant soufi, "DK" de Dar Kub dégage quelque chose de plus spirituel. Avec en toile de fond quelques percussions et toujours la même douleur. Ce sont au final les quelques incrustations électroniques, presque jungle, sur "Gereftari" de Maddyar Aqhajani qui ne cessent de nous étonner. Orient-Occident, tradition-Modernité. Tout est de plus en plus lié. De mieux en mieux connecté.

KidB

Hichkas - Ekhtelaf

* Anecdote : La musique occidentale a été bannie de la radio et de la télévision d'Etat en 2005 par Ahmadinejad. Les musiciens de Take It Easy Hospital, qui résident en Grande-Bretagne, ont demandé il y a quelques mois un droit d'asile par peur des représailles s'ils devaient rentrer en Iran. 

Emshab :