Vitrine, elle l’est dans le sens où elle permet d’augurer ce que Ségolène Royal aurait fait face à la crise économique et sociale si elle avait été élue en 2007. N’en déplaise à ses contradicteurs systématiques elle n’aurait certainement pas dilapidé les fonds publics en les distribuant généreusement aux banques et à l’industrie automobile sans contrepartie.
Les banques continuent de spéculer à tout va avec des actifs au moins aussi “toxiques” qu’avant le krach du 11 septembre 2008 sinon plus – sans prêter le moindre maravédis aux particuliers ni aux PME – et vont généreusement distribuer 1 milliard d’euros à leurs traders… Dans le même temps, Carlos Ghosn entend bien continuer de délocaliser les activités de Renault.
Laboratoire, car elle permet d’expérimenter une autre façon de faire de la politique. Le pragmatisme au sens noble du terme : chercher à résoudre les problèmes concrets par des solutions concrètes adaptées aux besoins. Loin des mensongers discours d’un Nicolas Sarkozy qui se fiche éperdument de la réalité et envisage tout à travers le prisme déformant de l’ultralibéralisme.
L’engagement sans faille de Ségolène Royal auprès des salariés de New Fabris et d’Heuliez porte ses fruits. Nul hasard si figurent en position éligible sur sa liste des régionales de Poitou-Charentes deux syndicalistes en première ligne pour la défense de l’emploi. Guy Eyermann, porte-parole de la CGT de New Fabris, rappelant «qu’il est venu pour Madame Royal qui n’a cessé de soutenir moralement et physiquement le combat des New Fabris». Même chose pour Emile Bréjeon, porte parole de la CFDT d’Heuliez qui déclare que «sans Madame Royal Heuliez n’aurait certainement pas été sauvé».
En matière de politique, je me qualifierais de “réaliste idéaliste”, cet oxymorron reflétant assez bien ma manière de voir. Les grandes idées, c’est très bien mais nous savons tous que la politique demeure “l’art du possible”. La réalité commandera toujours d’où la nécessité d’être le plus pragmatique possible.
Mais, contrairement aux thuriféraires du néolibéralisme qui ne cessent de répéter que nous devrions nous adapter toujours plus aux objectifs fixés par avance par les partisans de la mondialisation – la seule option possible ! - je reste persuadée qu’une bonne dose de volontarisme politique est nécessaire pour ne pas se laisser enfermer dans cette logique implacable qui nous mène à la ruine.
Il est par ailleurs des objectifs essentiels – au premier rang desquels, la justice sociale – auxquels il faut ne jamais déroger. Il faut un sacré paquet de peaux de saucisson devant les yeux pour ne pas comprendre que la prétendue versatilité des électeurs n’est rien d’autre que la réponse aux promesses non tenues.
Enfin, il faut toujours avoir l’idéal en point de mire, un peu comme lors d’une marche d’approche l’alpiniste regarde ses pieds pour ne pas trébucher mais sans jamais perdre de vue le sommet.
Depuis plusieurs mois, je pensais que Ségolène Royal avait la capacité de rassembler sur la liste des régionales de Poitou-Charentes, bien au-delà des socialistes, y voyant la condition sine qua non d’une nécessaire victoire nette et sans bavure.
L’engagement écologique d Ségolène Royal ne date pas d’hier et ne tient nullement de la posture comme chez Nicolas Sarkozy – pur calcul électoral surtout depuis le succès d’Europe-Ecologie – et Chantal Jouanno qui promeut “l’écologie bleue”, laquelle peut se résumer en “faire semblant de changer les choses pour que rien ne change”… A l’image de l’agriculture prétendument “raisonnée” de la FNSEA qui n’est rien d’autre qu’une continuation de l’agriculture intensive avec l’utilisation des mêmes moyens – engrais, pesticides, herbicides, antibiotiques et même alimentation à base de tourteaux de soja pour les animaux d’élevage élevés en batterie.
Les Verts qui avaient fait équipe avec elle depuis 2004 semblaient plutôt avoir apprécié. Mais au niveau national, ils ne l’ont pas entendu de cette oreille sans doute parce que ses propos tout à fait justifiés sur la taxe carbone leur avaient donné une poussée d’urticaire géant et qu’ensuite, après le succès mérité d’Europe-Ecologie aux européennes ils ne se sentent plus pisser.
Mais encore une fois, je dirais que les Verts ne sont qu’une partie d’Europe-Ecologie et qu’ils sont atteints comme beaucoup de cette grave maladie de l’entendement politique : toujours vouloir “se compter” au détriment de l’union – qui fait la force, ais-je toujours entendu – laquelle est encore plus importante dans un scrutin de liste.
Quant à François Bayrou, il rejette toujours la “main tendue” qu’elle le soit par François Hollande ou – surtout ! - Ségolène Royal. L’éleveur de chevaux de course prétend toujours faire cavalier seul. Au grand risque de se casser la gueule sur l’obstacle. Tant qu’il n’aura pas compris que la politique n’est pas un sport individuel mais collectif il mènera ses troupes dans le mur.
Or, François Bayrou a rejeté l’offre de Ségolène Royal de placer 5 membres du Modem en position éligible. Sans doute largement plus que n’en aurait une liste Modem indépendante. Certains militants craignant non seulement de n’avoir aucun élu mais en outre de ne pas atteindre le seuil de 5 % des suffrages nécessaire pour le remboursement des frais de campagne.
Je suis donc fort contente d’apprendre que les responsables du Modem de Charente-Maritime, emmené par Alexis Blanc, président départemental du parti centriste qui soutenait cette position depuis déjà un certain temps, avaient voté majoritairement en faveur de la participation à la liste de Ségolène Royal, acceptant les cinq places éligibles.
C’est sans nul doute la voie de la sagesse. Marielle de Sarnez est proprement ridicule lorsqu’elle parle de “débauchage”. Qu’elle continue à fricoter sa petite cuisine politicienne avec Vincent Peillon si cela lui chante en dépit de la grosse casserole qu’il traînera désormais. Ce style de “rassemblement” est tout à fait antinomique de la démocratie – surtout participative. Comment prétendre vouloir changer la politique en gardant les mêmes recettes qui ont fait la preuve de leur extrême nocivité ?
Le “débauchage” permanent, c’est ce que fait Nicolas Sarkozy quand il attire des personnalités qui n’ont de gauche que l’étiquette et leur demande de renoncer au peu de valeurs qui leur reste. La proposition de Ségolène Royal est tout à fait honnête et ne vise nullement à embrigader ceux qui la rejoignent pour conduire une politique contraire à leurs convictions.
Laboratoire, enfin, parce que ce rassemblement de militants venus d’horizons différents préfigure ce qui devrait désormais servir de modèle pour une politique future. L’association étroite des militants, des citoyens et des dirigeants sur un projet à bâtir et sa mise en œuvre. C’est autrement enthousiasmant que la sordide petite cuisine électorale habituelle qui commence à peser drôlement sur l’estomac !