A lire certaines critiques et à voir, hélas, la désaffection dont il est aujourd’hui l’objet, la question a le droit d’être posée. Et je m’empresse d’assumer mes origines en faisant une réponse de Normand.
Daté, oui, si l’on considère que chaque livre s’inscrit dans une époque précise (la guerre de 39, la France des années 50, du général de Gaulle, de mai 68, de Giscard d’Estaing…) et que le style Daninos, que son propos principal, est bien de dénoncer les travers, les modes, les tics du monde qui l’entoure.
Mais certainement pas daté au sens péjoratif du terme, usé, poussiéreux, qui appartient au passé. Parce qu’à l’image de ses glorieux ancêtres, Molière, Montesquieu, La Bruyère, Daninos se moque de nos faiblesses éternelles et sait extraire de nos comportements les plus banaux des vérités peu reluisantes.
Il écrit dans Méridiens:
« Etre pauvre, avant tout, n’est-ce pas habiter loin? Loin des choses belles… loin des belles personnes, loin des gens biens… Banlieues, vous êtes l’atlas de la misère. »
C’était en 1945.
Et quelques décennies plus tard, dans La composition d’Histoire:
« Qui de Dieu ou du démon condamne ici la femme adultère à cent coups de verge, là le dissident à la déportation?
Qui de Dieu ou du Diable, fait retomber sur les femmes de l’Islam le voile noir de la réclusion tandis qu’ailleurs les sex-shops sont reconnues d’utilité public? »
C’était en 1979.
C'est hélas encore vrai aujourd'hui.