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La gauche des défavorisés: et le reste alors?

Publié le 18 janvier 2010 par Nemo
La gauche des défavorisés: et le reste alors?Je rebondis sur le billet du sieur Nicolas, en provenance du Kremlin-Bicêtre et réagis à ce qui est une antienne de la gauche traditionnelle française, repris en choeur par nos amis de la chorale syndicale quelque peu muette ces temps-ci: l'augmentation des minima sociaux.
Martelée, assenée, réaffirmée à chaque rentrée politique, le message s'est quelque peu fondu dans le paysage des idées et revendications. La gauche est à cet égard à l'image de nos chères organisations syndicales: discréditée.
L'une des raisons à mon sens vient de ce que cette gauche politico-syndicale s'est longtemps attachée à défendre les plus démunis, non pas qu'il s'agisse d'un tort en soi, mais cette tendance à en faire une marotte, un symbole, une appropriation a en fait altéré le message qu'il convenait de diffuser.
La France n'est pas constituée que des catégories les moins favorisées, encore moins par ceux qui perçoivent les minima sociaux bien qu'il est une tragédie que l'on ne puisse nier, leur proportion augmente d'année en année.
Or, étrangement, le message de cette gauche s'est concentré sur cette frange de la France la moins favorisée: tentant peut-être d'acheter notre bonne conscience collective ou véritablement inquiète de leur sort? Laissons-leur le bénéfice du doute.
Parallèlement, une grande partie des Français, celle de la classe moyenne, s'est appauvrie.
Glissement des revenus du travail vers le capital, chômage structurel agissant comme un ajusteur des niveaux de salaires, flambée de l'immobilier, le passage à l'Euro venant comme un coup de lame supplémentaire éventrant un porte-monnaie déjà particulièrement atteint, etc.
Or, qui n'a entendu cet argument seriné ça et là, en réponse à ces Français de classe moyenne se plaignant de la situation:
"Il n'y a pas de quoi se plaindre"
"Il y a pire ailleurs"
"Il y en a qui n'arrivent même pas à combler les fins de mois."
...comme si un combat était exclusif de l'autre. Ces réponses démagogiques sonnent encore comme une répétition de la gauche du "monopole du coeur", décrétant les combats qu'il convient de mener ou non. Or, cette classe moyenne a été oubliée par la gauche.
La crise de représentativité des syndicats et de la gauche traditionnelle est à mon sens liée à cette défection au centre (comme si l'idéologie était conditionnée par le niveau de son compte en banque) et n'a pas su aborder les mutations sociologiques depuis la tertiarisation de l'économie.
Outre cet aspect, d'un point de vue économique, l'augmentation des minima sociaux n'est qu'une réponse conjoncturelle à un problème structurel : en d'autres termes, une tentative de colmater une brèche lorsque le pont est en train de s'effondrer.
A l'image du SMIC dont cette gauche n'a eu de cesse de réclamer à corps et à cri son augmentation, la question qui se pose est: pourquoi avoir abandonné le reste des Français? Pourquoi le combat pour le SMIC et les minima sociaux a-t-il toujours eu pour conséquence de délaisser les autres salariés? Et la France des petits employeurs, doit-elle être ignorée?
Augmenter les minima sociaux ? oui bien sûr si cela s'accompagne d'une nécessaire réflexion globale sur notre système économique.
Augmenter le SMIC ? Non sauf à avoir pour effet de tasser un peu plus la masse salariale dans son ensemble en créant de fortes disparités en faveur de quelques-uns et de tuer les petites entreprises.
Obtenir une répartition plus juste des richesses produites par l'entreprise: certainement.
Il n'y a pas de petits combats car s'il est inacceptable qu'il y ait de plus en plus de salariés pauvres, de SDF ou de foyers en état de surendettement, on ne peut oublier qu'à force de délaisser la classe moyenne, celle-ci finit inlassablement par alimenter la catégorie des plus défavorisés.
Pendant ce temps-là, les disparités augmentent en faveur de ceux qui possèdent déjà tout.
Ce n'est pas en continuant à alimenter un système en maintenant à flot les plus démunis que l'on combat le système. Il y a bien sûr l'urgence mais celle-ci ne doit pas faire oublier le long-terme et la nécessaire réforme de notre économie.
La gauche traditionnelle française sait-elle le faire? J'en doute malheureusement.

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