Le Festival Etonnant Voyageur devait se tenir en Haïti. Pour dire ce loin. Cette créolité souvent méprisée. Pour dire ce là, splendeur et misère mêlées, vies, rires, regards. Pour dire
cette fraternité d'être homme dont Le Bris et ses amis ont refait un enjeu littéraire - vaille que vaille - à l'heure où l'universalité est en crise, où ses duplicités lui reviennent
à la figure par des périphéries exemplaires qui entendent s'emparer de leur propre sort, et prendre les grandes déclamations blanches au pied de la lettre. Or la Terre s'est ouverte sous les pieds
du marcheur. Le mot ne vient plus à l'écrivain. Le paysage défaille. La vue se brouille. On ne voyage que pour être là, aux côtés de ceux qui luttent, à côté de ceux qui restent.
Ecrire là où la Terre s'ouvre. Avec ces mots impossibles, précisément. Haïti, coeur secret du voyage. Capitale de la douleur. Le long de ces inoubliables tremblements où l'on cherche dans les
décombres les mots de l'après. Voyage-t-on pour autre chose que pour saisir l'interminable tremblement qui menace toute existence humaine. Faire oeuvre, c'est anticiper les ruines. La vie
quand même, la vie quelque part, dans l'épais foutoir du destin.
Dany Laferrière témoigne :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/16/haiti-le-temoignage-bouleversant-de-l-ecrivain-dany-laferriere_1292475_3222.html
Solidarité des Etonnants Voyageurs à ceux qui restent
http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?rubrique148