Mais les inégalités sociales sont criantes, le système esclavagiste à bout de souffle et le peuple mécontent. La secte chrétienne ne cesse de gagner du terrain, se ralliant la plèbe par ses actions caritatives et l'audace de ses prosélytes. Elle montre un rigorisme intolérant propre à rassurer les égarés en tout genre. Ceux qui feront le rapprochement avec le fondamentalisme musulman d'aujourd'hui auront gagné la timbale présentée ostensiblement par les auteurs du film ... Le message christique est en tout cas bien éloigné de la mentalité de ces fanatiques qui lapident des femmes qui n'ont même pas eu la chance d'être adultères, massacrent des innocents parce qu'ils sont juifs ou païens, pillent et assassinent et vont jusqu'à prendre à César ce qui lui appartient. Des brutes infâmes qui finiront canonisées.
Toutes ces fureurs n'empêchent pas Hypathie (en ville la charmante Rachel Weisz), une femme de tête, de découvrir 12 siècles avant Kepler la course elliptique des planètes dans le système solaire. Et de vivre une aventure à l'eau de rose et terriblement chaste avec le Préfet du coin, par ailleurs ancien élève de son Académie. Elle finira mal.
Le film évite le manichéisme et montre bien la dimension sans culotte de l'église conquérante des premiers siècles. L'égalité sociale passe par la destruction d'une élite et de sa culture, faisant perdre quelques siècles à l'humanité mais, sur le long terme, lui permettant de sortir des ornières du système gréco-romain.
Bref, la reconstitution historique est plaisante et le propos maîtrisé même si la création cinématographique n'est pas bouleversante.
Un dernier mot pour saluer la mémoire du si talentueux et discret Eric Rohmer qui nous fit tant jubiler dans ses délicieux films. Adieu, cher maître ! Vous parti, que reste-il aujourd'hui de l'intelligentsia française ?