Alors qu'est-ce qu'il vont faire pour l'accueillir (ou les accueillir ? Car, va-t-il emmener Carlita ?)les gens de là-bas ? Repeindre quelques façades, balayer les trottoirs, planquer les milliers de décharges-sauvages-cloaques, préparer de beaux discours, lui accrocher au cou dès son arrivée à Pamandzi, quelques colliers de fleurs ?
Mayotte sera un département bientôt. Demain. Je meurs de rire ! Attention, ne vous méprenez pas. Total respect pour les gens, ceux de Mayotte, de la France d'Outre mer et pour tous les peuples du monde entier.
Il y en aurait des choses à dire. Des choses qu'ils n'entendent pas dans les ministères à Paris, qu'ils ne pourront jamais entendre.
Des choses qui ne "remontent" jamais à leurs oreilles qu'ils ont longues pourtant. Je ne veux même pas parler de l'Elysée, véritable boîte aseptisée, hermétique, école universelle d'apprentissage et de diffusion de la langue de bois. Dernier salon où "l'on cause".
Mayotte, je parle, car je connais très bien, à 200.000 habitants à un chouia près car même le Préfet est incapable de donner un chiffre exact. La moitié de la population, 100.000, sont des clandestins arrivant des Comores pour la plupart, d'Afrique pour certains. Stop. Terminus. Peuvent pas aller plus loin. Pas de papiers. Pas de régularisation possible. Seule chose à faire, se fondre dans la masse, dans la brousse, dans les favelas de Mamoudzou ou de Sada, essayer de survivre. Ils seront esclaves de toute manière.
Des milliers de gens partis des Comores se sont noyés en essayant d'arriver à Mayotte au moyen des fameux "kwassas-kwassas" (barque de haute mer). Ceux qui débarquent sont condamnés à la misère, doivent de toute manière être invisibles. Se transformeront aussi, obligatoirement, en as de la cambriole (il y a de la violence, de plus en plus), car tout habitant régulièrement installé à Mayotte est pillé, malgré la véritable "bunkerisation" des maisons, au moins une demi-douzaine de fois dans une seule année.
Que faire pour survivre quand on n'existe pas ? Des centaines d'enfants abandonnés, de "petits clandestins", errent en bandes dans les rues de Mamoudzou. Infinie misère qui s'agglutine autour des poubelles, autour des "supermarchés". Des dizaines de milliers de gens n'ont aucune existence à Mayotte. Ils peuvent être photos pour les "mzoungous" (les français de France qui travaillent à Mayotte, fonctionnaires pour la plupart) qui leur tireront le portrait pour remmener des "souvenirs" en France, ils seront des cadavres vite, car ils ne pourront jamais vivre vieux. Impossible de vivre quand tu es clandestin à Mayotte. La misère te mange. Les crabes le font aussi parfois, avant.
Un pays est un pays par sa culture, par sa langue. Il ne peut se développer que par la richesse de sa culture. A Mayotte la France est un "élément rapporté", une verrue j'oserais dire. Une erreur. Mayotte ne peut pas avoir de culture française. Ce serait contre nature.
A Mayotte pas de cadastre. A Mayotte pas d'état-civil fiable. A Mayotte justice cadiale (coranique). A Mayotte charia, car toute la vie socio-professio-culturelle est réglée par l'islam. A Mayotte, l'école, l'éducation, sont une vue de l'esprit. Malgré l'effort des enseignants. Une utopie j'oserais dire. Les responsables administratifs se gargarisent avec les directives ministérielles, inapplicables sur le terrain. A Mayotte 80 % de la population ne parle pas un mot de français et se tape de la France comme d'une première chemise. Et tout d'abord, qu'est-ce que c'est la France ? Sinon une vague idée. Seuls les "politiques professionnels locaux" sont les plus hargneux, les plus pugnaces, sur la question, les plus républicains, les plus français quoi ! Faut quand même pas cracher dans la gamelle, non mais... Trop d'intérêts juteux, très juteux, pour eux !
La France a colonisé, a pillé, a exploité sans vergogne ses colonies pendant quelques siècles. Elle a conservé des poussières de territoires disséminés tout autour du monde a travers ses DOM/TOM. Quand ça n'allait pas à "son goût", ou à celui des "patrons locaux", elle a frappé, elle a giflé, quand la gifle ne suffisait pas, elle a bastonné, elle a tué. Sans état d'âme ? L'histoire ne le dit pas. L'histoire de France ne parle pas de ces "petites histoires d'Outre mer".
Résultat bizarre, qui peut sembler paradoxal, mais tellement compréhensif : à 100 % les "autochtones" veulent rester dans le giron maternel national car ils ont bien vu que tous les territoires émancipés par la mère patrie ont "crevé la misère" par la suite ainsi que me le disait mon pote Abdou de Dapani. Mais ils sont perdus, mais ils sont perplexes, mais ils ne comprennent rien aux "menées" politiciennes qui se pratiquent en métropole. Ils n'ont cependant au fond d'eux-même, et on les comprend, aucune considération pour un pays qui n'a jamais eu, lui aussi, la moindre considération pour tous les morceaux de confettis de feu son empire colonial. Mais ils n'ont pas, hélas, d'autre choix que celui de la France. Toute la tragédie des DOM/TOM est là et tous les abrutis du pouvoir français ne le savent pas !
Tristes tropiques françaises. Triste France d'Outre mer.