82. Minstrel Boy

Publié le 17 janvier 2010 par Dylanesque

J’arrête un peu de vous parler de moi (et Dylan) pour vous parler de nouveau de Dylan (et de moi). Je commence par terminer un article laissé inachevé depuis le printemps dernier. Je vous avais proposé une compilation.

Voici donc pour vous (en entier cette fois), une sélection de trente morceaux, qui ont pour but de vous montrer une autre facette de Dylan. Vous n'y trouverez pas "Like a Rolling Stone", "Blowin'in the Wind" ou bien "Hurricane", mais des morceaux moins connus, voire très rares.
40 chansons connus des dylanologue, mais qui je l'espère, plairons aux curieux qui désirent en savoir plus sur le Zim.

J'aime bien ce principe de sélection, de compil. Ca me rappelle les K7 que je préparais avant de partir en vacances en voiture...
En plus, c'est dans l'ordre chronologique, et je vous ai trouvé de jolies photos...
Je reprends donc depuis le début et je termine !

 
1 / I Was Young When I Left Home (The Bootleg Series Vol.7) 1961
Il était jeune quand il a quitté sa maison. Il est parti à New York, sa guitare à la main. Il n'est jamais revenu.
Une ballade poignante, et une voix tremblante : un artiste en devenir.

2 / The Death of Emmett Till (Folksinger's Choice) 1962
Dans le genre protest song, celle-ci est toujours resté dans l'ombre de "Hard Rain" ou "The Lonesome Death of Hattie Carrol". Elle est pourtant bien écrite, narrant le meurtre d'un jeune afro-américain dans les années cinquante. Dylan, ce bandit, avouera avoir piqué la mélodie à Len Chandler...

3 / Tomorrow is a Long Time (Bob Dylan's Greatest Hits Volume II) 1963
Une magnifique ballade nocturne, extraite d'un live de 1963 et reprise par la suite par de nombreux artistes : Nick Drake, Judy Collins et Elvis, pour ne citer qu'eux. Avec des mots simples, Dylan fabrique de la poésie, et nous on pleure comme des gamins.
"There’s beauty in the silver, singin’ river,
There’s beauty in the sunrise in the sky,
But none of these and nothing else can touch the beauty
That I remember in my true love’s eyes."

4 / Corrina, Corrina (The Freewheelin' Bob Dylan) 1963
Reprise d'un vieux traditionnel par un Dylan amoureux comme jamais, tendre et plein de douceur.

5 / Spanish Harlem Accident (Another Side of Bob Dylan) 1964
Encore une chanson d'amour plongé dans un mélange de poésie et d'ironie typique du Dylan de l'époque.
La reprise des Byrds vaut aussi le détour.

6 / Can You Please Crawl Out Your Window? (Biograph) 1965
Enregistré avec les Hawks, alors qu'il venait de brancher les guitares, ce single est annonciateur de la tempête électrique à venir. Le texte est proche de celui de "Positively 4th Street", et sera à l'origine de la brouille entre Dylan et le chanteur Phil Ochs. Celui-ci n'ayant pas aimé la chanson, Dylan l'avait viré de sa voiture : "You're not a folk-singer, you're a journalist !"

7/ It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry (Highway 61 Revisited) 1965
"Il en faut peu pour rire, il suffit d'un train pour pleurer". Une lancinante complainte au piano, où l'on traverse la nuit, l'hiver et la mer pour aller se perdre, dans un océan de poésie...

8 / I'll Keep it With Mine (The Bootleg Series Vol.2) 1966
Qu'elle est poignante cette version au piano chevrotante, d'une chanson écrite pour Nico (et que l'on retrouve sur son premier album, Chelsea Girls", paru en 1967, dans une version parfaite, elle aussi). Marianne Faithfull et Courtney Love l'ont adoptés elles aussi.
Dylan, homme à femmes ?

9 / I Can't Leave Her Behind (Blonde On Blonde Sessions) 1966
Enregistré dans une chambre d'hôtel en Ecosse, paru sur plusieurs bootlegs, un titre au piano non retenu pour "Blonde On Blonde".
Court mais intense.

10 / Mr Tambourine Man (The Bootleg Series Vol.4 Live 1966) 1966
Paru sur le témoignage le pluis puissant qu'on puisse trouver sur Dylan, ce "Mr Tambourine Man" clôt la partie acoustique de manière crépusculaire, dans une sorte de transe, où l'harmonica n'en finit plus et va toucher les étoiles.
A voir également sur "No Direction Home", le documentaire de Martin Scorcese, fabuleux témoignage du Dylan au bord du gouffre.

11 / The Ballad of Frankie Lee & Judas Priest (John Wesley Harding) 1967
Dylan se prend pour la Fontaine et nous pond une fable moralisatrice, sur un air paisible de country. 
 
12 / Going to Acapulco (The Basement Tapes) 1968
Magnifié par Jim James et Calexico dans le biopic “I’m Not There”, ce morceau enregistré à la champagne avec le Band est un des sommets de la caverne d’Ali Baba que sont les bandes du sous-sol. Rarement Dylan n’avait sonné aussi bien. Un voyage aussi puissant que vaporeux…

 
13 / I Threw it All Away (Nashville Skyline) 1969
Du romantisme à l'état pur, extrait d’un paisible album country, l’un de mes favoris. Dylan se met à nu et nous offre une de ses chansons les plus belles, partagée entre vieux regrets et nouveaux espoirs.
"Jadis j'avais des montagnes au creux de mes mains,
Et des rivières y coulaient tous les jours.
J'ai dû être fou,
Je n'ai jamais réalisé ce que j'avais,
J'ai tout gaspillé."
 
14 / Early Mornin’ Rain
(SelfPortrait) 1969
Délicieuse ballade country, à siffloter sous la pluie, que l’on trouve sur un album beaucoup décrié, mais vraiment attachant. J’en reparlerais bientôt et en attendant, je vous conseille ce morceau, ainsi que « Wigman » et « Days of 49 ».
 
15 / Sign on the Window (New Morning) 1970
Dernier morceau de la trilogie country, campagnarde, pépère, tranquille que j’affectionne tant. Il s’agit ici pour Dylan de s’imaginer un futur paisible, avec sa femme et ses enfants dans une cabane de l’Utah. C’est très émouvant et on a l’impression d’entendre un vieillard heureux, car il en faut peu pour être heureux.
 
16 / George Jackson (Masterpieces) 1971
Un hommage à George Jackson, leader des Black Panthers, publié discrètement sur la compilation “Masterpieces”. Un court retour à la protestation, émouvant dans son genre, et qui fait mouche en particulier sur la version acoustique trouvable sur certains bootlegs. Un « Hurricane » avant l’heure, en toute simplicité, en toute sincérité.

 
17 / Just Like a Woman (Concert for Bangladesh) 1971
Invité par son pote George Harrison à l’un des tout premiers concerts humanitaires, Dylan est toujours en plein trip country, veste en jean et tremolo dans la voix. Une voix qu’on a rarement connue aussi belle et qui émeut le temps d’un « Just Like a Women » plein de tendresse.
 
18 / Main Title Billy (BO Pat Garret & Billy the Kid) 1973
Instrumental lumineux qui sert de décor musical au western de Peckinpah où Bobby joue les cow-boys. Cette mélodie chaude et exotique nous invite à l’évasion, aux grands espaces d’une Amérique en carton-pâte. Je ne me lasse pas, dès que l’été se profile, de l’écouter en boucle et de m’imaginer partir pour un long voyage en compagnie des hors-la-loi et des putes mexicaines…
Billy, don’t you like to be so free…
 
19 / Lily of the West (Dylan) 1973
Un très mauvais album certes. Des chutes de studio inécoutables. Moi, je retiendrai quand même "Lily Of The West", la seconde raison de réécouter cet album maudit dès le départ. Un air far-west, des paroles couillonnes mais dans le bon sens du terme, entendre : ravissante chanson d'amour country. Et la voix tient la route, le rythme est entraînant. Je l'adore cette chanson. De l’or dans la boue.
 
20 / Dirge (Planet Waves) 1974
Qu’il est sombre, qu’il est envoutant ce morceau, enregistré avec le Band. Une splendeur dangereuse. Une complainte hantée. « Je me hais de t’avoir aimé mais je dois surmonter ça ».

La suite demain, si tout va bien…