par Didier Testot.
Depuis plusieurs jours, La Clio, muse et modèle phare de chez Renault est au centre de toutes les discussions entre l'Etat et Renault. La Clio se découvre habituellement avec une couronne de lauriers. Faut-il en tresser aujourd'hui à l'Etat et à Renault ?
Photo (Médiathèque Renault Clio III)
Christian Estrosi, Ministre de l'Industrie, Nicolas Sarkozy Président de La République face à Patrick Pelata Directeur général délégué et Carlos Ghosn Pdg de Renault, comme une partie de catch à quatre.
Source (Le Figaro)
Selon Renault, "La France est – et de loin – la principale localisation du Groupe Renault avec 25 % des voitures du Groupe Renault qui sont produites en France" et "32 % du chiffre d’affaires de Renault est réalisé en France". Voilà pour les chiffres qu'on pourrait aussi traduire aussi par 68% du chiffre d'affaires de Renault n'est pas réalisé en France. Ce qui n'est pas une nouveauté ni une anomalie dans ce secteur automobile français, simplement une réalité.
Une bonne part de la stratégie des dernières années a consisté justement à développer l'international où le groupe Renault reste faible en parts de marchés face aux géants américains ou japonais. On pourrait dire la même chose de PSA Peugeot Citroën et remarquer par la même que les petites Citroën C1, et la Peugeot 107 sont fabriqués en Slovaquie. L'Europe de l'Est et la Slovaquie en particulier est devenu un pôle économique important pour l'automobile européenne. Alors Clio IV à Flins ou en Turquie débat voulu par le Gouvernement pour montrer son volontarisme ?
Réponse du "convoqué" à l'Elysée de ce samedi Carlos Ghosn, Président-Directeur général de Renault : « Renault est une entreprise française, une entreprise responsable et citoyenne, attachée à son patrimoine industriel et technologique. C’est une des raisons pour lesquelles, nous avons décidé de produire dans l’usine de Flins, à proximité des 10 000 ingénieurs de Renault, Zoe, le principal véhicule électrique de notre gamme, commercialisé dès 2012. Aucune décision n’avait été prise concernant l’industrialisation de la future Clio 4 en 2013. J’ai confirmé au Président de la République que nous produirons la Clio 4 à Flins, dans un cadre général de double sourcing avec Bursa en Turquie. Le site de Flins est pérenne et l’emploi y sera maintenu à terme ».
Carlos Ghosn a ajouté, « Quant à moi, ma responsabilité et ma motivation sont de faire de Renault un constructeur gagnant et innovant dans une industrie en train de se transformer en profondeur ».
Le Gouvernement par la voix de Claude Guéant (Invité dimanche du Grand rendez-vous Europe1/Aujourd'hui en France), le Secrétaire général de l'Elysée, estime que «Renault a fait la totalité du chemin que nous lui demandions". Rompez !
Comme si la question de la compétitivité de l'industrie automobile en France venait d'être réglée par 2 ou 3 déclarations et/ou visites protocolaires !
Il y a 15 ans, les dirigeants de Renault comme de Peugeot n'hésitaient pas à dire qu'il y avait en Europe un constructeur de trop. Fiat montré du doigt à l'époque est toujours là, mais le marché automobile porteur s'est déplacé en Chine.
La Sidérurgie, le Textile, en privé les dirigeants comme les politiques le savent bien, l'automobile est le dernier secteur industriel en France qui est en phase de "relocalisation", ou de "désindustrialisation"... Quelque soit le mot choisi ou le tabou qui va avec à chaque échéance électorale, la question principale est bien : Comment faire face à des marchés sans croissance et proposer des véhicules moins chers à une clientèle qui ne peut plus ou ne souhaite même plus se payer une "Laguna" mais préfère pour Renault acheter une Logan plus simple et moins chère ?
Modèle Logan (Photo Médiathèque Renault)
Le débat devrait porter sur le fait de savoir si les constructeurs automobiles conserveront leurs centres de décision en France, et comment ce mouvement de baisse des effectifs entamé il y a de nombreuses années par les constructeurs automobiles, peut être géré.
Imaginer que le véhicule électrique sera la solution, alors même que sa part de marchés reste infime au niveau de la production totale montre bien que rien n'est réglé. De même que croire que la Clio IV produite à Flins résoudra la question industrielle posée à Renault et à son actionnaire à 15% l'Etat, est bien illusoire.
A ce jour, pour un véhicule vendu 14.000 euros selon Renault, l'écart de 1.400 euros (10%) entre un véhicule conçu et produit en Europe de l'Est et le même en France est toujours sur la table.
Alors qu'on estime qu'un salarié sur dix travaille dans le secteur automobile, un vrai débat national aurait toute sa place si la France et ses gouvernants était capable d'anticiper sans attendre que le pire arrive comme pour la Sidérurgie et le Textile.